Le désir de domination: Exemples.

Le désir de domination compte trois articles dont celui-ci. Un exemple donné par Serge Guimond illustre bien les trois états affectifs décelés par Bion : « L’engagement dans une secte religieuse apparaît souvent mystérieux et suscite beaucoup de commentaires. Pourquoi des individus changent-ils complètement de style de vie et, apparemment, retirent-ils très peu d’avantages en contrepartie ? Festinger, Riecken et Shachter (1956) ont mené une enquête auprès d’une secte au moment où, selon ses adhérents, la fin du monde devait se produire. Le leader du groupe affirmait en effet qu’il avait reçu des messages l’avertissant de la destruction imminente du monde et l’informant que lui et ses disciples seraient sauvés avant la date fatidique du 21 décembre.
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Article 29.3.

Le désir de domination : exemples.

Exemples

  • Un exemple donné par Serge Guimond illustre bien les trois états affectifs décelés par Bion :

Le désir de domination: exemples.

« L’engagement dans une secte religieuse apparaît souvent mystérieux et suscite beaucoup de commentaires. Pourquoi des individus changent-ils complètement de style de vie et, apparemment, retirent-ils très peu d’avantages en contrepartie ?

Festinger, Riecken et Shachter (1956) ont mené une enquête auprès d’une secte au moment où, selon ses adhérents, la fin du monde devait se produire. Le leader du groupe affirmait en effet qu’il avait reçu des messages l’avertissant de la destruction imminente du monde et l’informant que lui et ses disciples seraient sauvés avant la date fatidique du 21 décembre.

Que se passerait-il après le 21 décembre ? Le groupe se désagrégerait-il en se rendant compte de la fausseté des déclarations de son chef spirituel ?

A mesure que le 21 décembre approchait, le coût de l’appartenance à la secte augmentait. Pendant des semaines, les membres avaient soutenu la prévision du groupe souvent à l’encontre de leurs amis et au péril de leur sécurité financière.

Certains, encore aux études, avaient cessé d’étudier, car ils n’en voyaient plus du tout l’importance. D’autres avaient quitté leur travail et accumulaient des dettes. Mais lorsque la journée du 21 décembre s’écoula sans problème, la secte, loin de vivre son éclatement, sortit en quelque sorte grandie par l’expérience.

Le leader affirma qu’il avait reçu de nouveaux messages lui révélant que le dévouement du groupe avait été tel qu’il avait sauvé le monde. Dans les jours suivant le « miracle », l’engagement des membres à l’égard de la secte augmenta. Chacun accomplissait avec encor plus d’ardeur les activités du groupe et le recrutement de nouveaux membres. Le coût de l’appartenance à la secte était donc des plus élevés, mais tout se passait comme si chaque investissement rassemblait davantage les membres. » (Guimond, 1994).

  • Quand le désir de domination pousse à sacrifier ses propres enfants.

Le désir de domination: exemples.

Voici un exemple pris dans l’actualité : à Saint-Pierre-de-Chérennes (Isère), trois enfants de 2, 4 et 6 ans on été exécutés par des adultes fanatisés. Deux d’entre eux, abattus d’une balle dans le front, ont probablement été tués par leur propre père. Ce massacre pourrait s’expliquer de la façon suivante selon un ancien adepte : « La terre étant devenue irrécupérable, leur mission sur notre planète était donc terminée. Ils devaient donc rejoindre leur demeure en famille. »

Dans cette secte, le passage pour aller sur « Sirius » – environnement autrement plus accueillant que la Terre – ne peut se faire qu’une fois débarrassé de son enveloppe charnelle. »

  • Quand le désir de domination pousse à tuer en série.

Le désir de domination: exemples.

Voici un exemple pris dans l’ouvrage de Stéphane Bourgoin Serial Killers. Enquête mondiale sur les tueurs en série, qui va dans le sens de ce désir de domination sous prétexte d’obéir à un pouvoir externe. C’est l’exemple du couple de Adolfo de Jésus Constanzo et de sa compagne Sara Aldrete, qui dirigeaient un gang de trafiquants de drogues selon les rites de magie noire.

« Adolfo avait pourtant tout pour réussir : beau, intelligent, charmeur, du charisme et un talent d’orateur. Né le 1ernovembre 1962, à Miami, de parents marielitos, des Cubains réfugiés, Adolfo est initié dès son plus jeune âge au rituel de la Santeria. Cette religion a été importée à Cuba au XIXe siècle par les esclaves du peuple Yoruba, originaire du Nigeria.

Les dieux yorubas, ou Orishas, sont au nombre de quatorze. Pour les vénérer, on leur offre des sacrifices : Chango, dieu du tonnerre, reçoit un agneau ou un bouc ; Oggun, le guerrier, qui veille sur les armes et la sorcellerie, se voit offrir du sang, des plumes, une lame d’acier ou des rails de chemin de fer. La Santeria compte à peu près cent millions d’adeptes ou santeros à travers le monde.

Pour le santero, tout événement possède une signification précise. Vous avez un accident ? Il est tout de suite interprété comme la conséquence d’un sort jeté par un ennemi. Au contraire des autres religions, la Santeria et ses dérivés ne se pratiquent pas dans un lieu de culte, mais chez soi, là où se trouvent vos objets sacrés.

Cette religion ne présente pas non plus un système de valeurs : il n’existe aucune règle concernant le sexe, la drogue, l’alcool ou les délits. Le concept du Bien ou du Mal ne fait pas partie de la Santeria, le Palo Mayombe ou l’Abaquaplaisent aux criminels. Personne ne se rend dans une synagogue ou dans une église pour demander à Dieu ou à un prêtre de tuer son ennemi ou de protéger un arrivage de cocaïne : avec la santeria et le Palo Mayombe, c’est tout à fait possible, voire conseillé.

(…)

Devenu un mayombero, magicien noir, Adolfo commence en 1980 à vendre ses services à une clientèle de plus en plus nombreuse dans la région de Miami. Il n’a aucun problème majeur avec la police, mis à part deux arrestations en 1981 pour de banals vols à l’étalage (une habitude héritée de sa mère). En 1983, ses amis bisexuels de Miami lui obtiennent un travail de mannequin à Mexico.

Grâce à ses prétendus pouvoirs magiques et à son charisme, il connaît un succès foudroyant dans le monde interlope de La Zona Rosa, le quartier des prostitués homosexuels. Les rituels de protection et de purification lui rapportent entre 8000 et 40 000 dollars, selon ses clients parmi lesquels figurent d’importantes personnalités mexicaines.

Arrêtés, les adeptes du culte avouent qu’une des plus grandes vedettes du cinéma mexicain, des trafiquants de drogue et des membres haut placés de la police faisaient partie des clients d’Adolfo, comme Florentine Ventura, le directeur d’Interpol à Mexico. En 1988, Ventura se suicida dans des circonstances mystérieuses après avoir abattu sa femme et ses enfants, et on ignore si Adolfo eut ce jour-là une quelconque influence.

Ivre de pouvoir, Adolfo bascule dans le meurtre rituel.

Le désir de domination: exemples.

(…)

Entre-temps, au cours d’un séjour à Matamoros, Adolfo fait la connaissance de Sara Aldrete, une jeune divorcée bon genre qui tombe sous le charme venimeux du beau Cubain en se faisant lire les cartes de tarot à la terrasse d’un café.

Les deux jeunes gens deviennent inséparables et une sorte de folie à deux s’installe, comme chez Martha Beck et Raymond Fernandez, Caril Ann Fugate et Charles Starkweather ou Myra Hindley et Ian Brady. Sara, qui est née le 6 septembre 1964, devient la grande-prêtresse du culte et participe activement, selon les aveux de ses complices, aux diverses cérémonies sanglantes de Mexico.

Elle recrute les nouveaux membres. Pour expliquer les agissements de la secte aux postulants, Sara leur projette plusieurs fois de suite un film de John Shlesinger sur la Santeria, Les envoûtés. Martin Sheen y joue le rôle d’un psychiatre de la police, qu’on pousse à sacrifier son fils pour satisfaire à des rites magiques.

Pour mieux asseoir sa domination sur Elio Hernandez (héritier d’une dynastie de trafiquants de drogue), Adolfo oblige Sara à coucher avec le jeune homme. Afin de ne pas éveiller les soupçons, la secte s’installe sur un terrain isolé, au Rancho Santa Elena, à quelques kilomètres de la ville. Adolfo promet à ses adeptes une invulnérabilité totale aux balles et le pouvoir de devenir invisibles s’ils suivent au pied de la lettre ses préceptes.

(…)

Pour l’exécutant de meurtres rituels, la torture est un élément essentiel. L’âme de la victime doit apprendre à craindre son bourreau pour l’éternité, afin de lui être totalement asservie. »

Voici d’autres exemples tirés de cet ouvrage montrant les horreurs qu’un être humain peut perpétrer sous l’égide de leur désir de domination, de leur soif de de pouvoir, de puissance sur les autres êtres vivants.

Le désir de domination: exemples.

Gary Hendnik dit lors d’une interview : « C’était en 1970 et je me baladais à bord d’une vieille Plymouth, à Malibu, en Californie. Je voulais prendre un café et des beignets. Je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais faim et j’ai rencontré Dieu à Malibu. Il m’a dit de retourner à Philadelphie pour y fonder une église dont je serais l’évêque. J’ai suivi ses ordres sur-le-champ et j’ai roulé jour et nuit pour rejoindre Philadelphie. Mon église était presque entièrement composée de personnes handicapées. Physiquement ou mentalement. Je ne l’ai pas fait exprès, ça s’est trouvé comme ça. (…) Après tout, les personnes handicapées se sentent plus à l’aise parmi les leurs ; elles choisissent une église où elles ne vont pas craindre d’être ridiculisées. Je ne prêchais pas beaucoup, je laissais plutôt cette tâche aux autres. Je me contentais d’être un guide et de maintenir gentiment le cap.

(…)

Dans notre église, c’est l’évêque qui dirige tout, les affaires séculaires et ecclésiastiques. C’est lui qui contrôle les finances et il n’a pas besoin d’en référer au conseil d’administration. Et c’est moi qui ai été élu. (Il redresse la tête avec fierté…) Après tout, c’est Dieu qui m’a ordonné d’agir ainsi.

Dieu m’a dit que je devais obtenir dix enfants de dix femmes différentes. Elles devaient toutes tomber enceintes et accoucher de façon naturelle, à « l’indienne ». Pas de clinique ou d’hôpital. On a dit que je torturais ces femmes, mais moi, je pensais à leur bien-être. Vous voulez une preuve ? Je les ai averties que pendant l’accouchement, et pour leur éviter toute douleur, je leur ferais boire beaucoup d’alcool. Par contre, je ne pourrais pas leur éviter de saigner abondamment. Tout ça, je leur ai dit. Je ne comprends pas pourquoi elles sont furieuses après moi.

(…)

Pour parvenir à ses fins, Heidnik enchaîne ces quatre femmes dans la cave de 3520 North Marshall Street, à Philadelphie. »

Retour sur la théorie selon l’ouvrage dirigé par P. Gosling, intitulé Psychologie sociale, Tome 1, L’individu et le groupe.

Le désir de domination: exemples.

« L’individu qui s’engage dans une organisation sectaire investit beaucoup dans le groupe, si ce n’est tout, pensant agir librement. La théorie de la dissonance cognitive peut donner une explication de cette « escalade ». L’individu se soumettant à l’autorité légitime » (ici au gourou), commet des actes qu’il ne ferait pas spontanément et souvent même allant à l’encontre de ses convictions personnelles. Investissant ainsi beaucoup de sa personne, se son temps, etc., pour la communauté, cet investissement ne peut être congruent avec la pensée que ce groupe n’a que peu d’importance pour lui.

Si tel est le cas, l’état de tension désagréable né de la mise en commun de ces deux éléments incongrus entre eux, devra être réduit par l’individu, et cette réduction pourra se faire en surestimant les avantages que peut lui procurer le groupe ainsi que l’importance de ce groupe. L’individu croit alors réellement en ce qu’il fait, il est en accord avec ses comportements, la communauté pouvant ainsi lui extorquer tous les comportements aussi coûteux que cela puisse paraître allant dans le sens et dans l’objectif d’atteindre les buts visés.

Autrement dit, le sujet est amené « d’une part par intériorisation des valeurs environnantes, d’autre part par les circonstances manipulées à se conduire conformément à son engagement en éprouvant néanmoins un sentiment de liberté. » (Enriquez, 1994)

A partir de ces recherches menées sur des situations très spécifiques, peut être dégagé un thème plus général, celui de l’influence sociale qui peut prendre des formes et des intensités diverses dans nos sociétés. Peut-être également, en élucidant le fonctionnement de l’influence sociale, contribue-t-on à éviter de succomber à certaines influences néfastes. »

Conclusion.

Le désir de domination est une force complexe qui, bien que parfois motivée par des besoins profonds de sécurité ou de reconnaissance, peut avoir des effets néfastes sur les individus et leurs relations. En reconnaissant les racines psychologiques de ce désir et en adoptant des stratégies pour le gérer, il est possible de créer des relations plus équilibrées et de mener une vie plus épanouie. Si ce désir devient problématique, il est important de ne pas hésiter à chercher un soutien psychologique pour explorer et traiter ces dynamiques.

Je vous propose de lire le second article intitulé Le désir de domination : Comprendre les enjeux psychologiques et relationnels.

Un premier article intitulé Le désir de domination : définitions décrit les définitions de ces termes.

Mots-clés : désir de domination, psychologie du pouvoir, relations toxiques, estime de soi, gestion des comportements dominateurs, thérapie pour domination.

Vous trouverez d’autres articles sur mon site web : https://joelineandriana-auteur.com.

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