Addiction à la Pornographie : Comprendre, Prévenir et s’en Sortir.

L'addiction à la pornographie est une thématique importante, parce qu'elle se développe de façon exponentielle, comme un palliatif à certains maux.
Temps de lecture : 9 minutes

Introduction

Cet article m’importe particulièrement, parce que j’ai observé que les hommes et les femmes peuvent être addicts à la pornographie et notamment aux vidéos pornographiques, pour des raisons récurrentes et presque similaires.

Aussi, l’influence de la pornographie sur la perception de la sexualité est un sujet complexe et qui suscite de nombreux débats. L’accessibilité accrue à des contenus pornographiques variés et souvent extrêmes a considérablement modifié la façon dont les individus, en particulier les jeunes, conçoivent les relations sexuelles.

Cet article est là pour informer, sensibiliser et donner des pistes de solutions.

D’abord, il me semble important de définir l’addiction.

L’addiction ?

Selon le dictionnaire de psychologie, sous la direction de Roland Doron et Françoise Parot, « le terme anglais addiction se répand comme synonyme de toxicomanie, assuétude ou accoutumance. Il désigne, avec une connotation plus active que ses équivalents français, toute conduite de consommation d’une drogue provoquant la dépendance physique et/ou psychologique. »

Selon le dictionnaire international de la psychanalyse, sous la direction de Alain de Mijolla, « le terme latin addictus qualifie un sujet lié et dépendant en raison de dettes impayées. Métaphoriquement, on appelle conduite addictive une dépendance ou un esclavage profond à l’égard d’une chose ou d’une activité.

Freud parle déjà d’addiction dans son étude sur l’hypnose et se réfère au « besoin primitif » dans sa lettre 79 à Wilhem Fliess.

Karl Abraham (1908) fait une étude sur l’addiction à l’alcool. Sandor Rado (1933) met en relation les addictions avec une régression à l’enfance. Otto Fenichel (1945) développe le concept d’addiction comme une régression à des stades infantiles, et les descriptions qu’il fait de l’alcool comme évoluant du Surmoi sont particulièrement intéressantes.

Herbert Rosenfeld (1965) évoque les tableaux maniaco-dépressifs qui sous-tendent les addictions, et relie également cela au narcissisme pathologique du Self.

Donald Winnicott (1951) rattache les addictions à une pathologie de la transitionnalité. A l’occasion, l’objet transitionnel devient concret, est « fétichisé ».

Les jeux vidéo ?

Addiction pornographie.

Les personnages du jeu vidéo, vus de l’écran, deviennent une projection des liens et fantasmes du monde intérieur du sujet. Ce processus peut se comparer à un gant retourné : au lieu d’être à l’intérieur du patient, l’esprit est évacué sur l’écran.

Il est des cas d’addiction aux jeux vidéo qui se caractérisent par des niveaux très sévères de dépendance psychopathologique, au point de nécessiter parfois une hospitalisation en psychiatrie (Rosenfeld D., 2001).

Dans ces cas sévères, les patients sont incapables d’abandonner le jeu vidéo et d’arrêter de jouer.

Voici à quoi peut ressembler un modèle théorique visant à expliquer cette condition. Les personnages des jeux vidéo sont vécus comme « concrétisations psychotiques », comme s’ils étaient de vraies personnes dans le monde intérieur ou la vie réelle du sujet.

Dans ces jeux vidéo où il est question de bagarres, d’attaques, d’explosions, de haine, de batailles et de meurtre, il arrive souvent qu’un des personnages cherche à se venger et que le patient ne puisse faire la part des choses entre l’imagination et la réalité. Cela le force à rester devant l’écran jusqu’à ce qu’il ait l’impression d’avoir neutralisé, vaincu ou tué les personnages vindicatifs ou persécuteurs du jeu.

Les adolescents qui ont ouvert le feu sur leurs camarades d’école ou des passants dans la rue (on a vu des meurtres de ce genre aux Etats-Unis, en Allemagne et en Argentine) étaient des jeunes qui passaient parfois plus de dix heures par jour à regarder des jeux vidéo extrêmement violent. Naturellement, entent aussi en jeu des états psychopathologiques personnels très sévères et des pathologies familiales extrêmement graves. »

Selon le dictionnaire de la psychiatrie, de Jacques Postel, l’addiction est une relation de dépendance aliénante, particulièrement pharmacodépendance, assuétude ou toxicomanie.

L’anglais Addiction (asservissement) est généralement traduit par « assuétude », Drug Addiction par « toxicomanie ». En reprenant le mot désuet d’addiction, certains auteurs francophones mettent l’accent sur le versant psychogène des toxicomanies, de la toxicophilie ou de la recherche de dépendance.

Le terme addiction, qui provient d’un mot latin signifiant « esclavage pour dettes » ou « contrainte par corps », désigne métaphoriquement la toxicomanie, dans une conception psychologique qui ferait de la dépendance physique l’équivalent d’une peine auto-infligée.

La clef de la dépendance serait à chercher dans la source de ce sentiment de dette dans le vécu du sujet : « (…) il s’agit de considérer à la suite de quelles carences affectives le sujet dépendant est amené à payer par son corps les engagements non tenus et contractés par ailleurs ».

La dépendance ou la toxicomanie ?

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Selon le dictionnaire de la psychiatrie, de Jacques Postel, la dépendance est la « tendance à chercher aide et protection auprès d’autrui, à s’en remettre à autrui pour toute décision par perte de maturité et d’autonomie.

La dépendance ou la pharmacodépendance est un état psychique et quelques fois également physique résultant de l’interaction entre un organisme vivant et une drogue se caractérisant par des modifications du comportement et par d’autres réactions, qui comprennent toujours une pulsion à prendre de la drogue de façon continue ou périodique afin de retrouver ses effets psychiques et quelques fois d’éviter le malaise de la privation.

Cette définition correspond à celle proposée en 1969 par les experts de l’Organisation mondiale de la santé (O.M.S.) pour remplacer les termes de toxicomanie ou d’assuétude.

Elle ajoute que cet état peut ou non s’accompagner de tolérance (adaptation de l’organisme à une substance nécessitant une augmentation des doses pour obtenir un même effet).

La dépendance physique constitue un « état adaptatif caractérisé par l’apparition de troubles physiques intenses lorsque l’administration de la drogue est suspendue ou que son action est contrecarrée par un antagoniste spécifique » (O.M.S., 1964).

Ces troubles constituent le syndrome de sevrage. Pour les toxicomanes, il s’agit « d’être accro », et donc de se retrouver « en manque » lors d’une « décroche ».

La dépendance psychique est un « état dans lequel une drogue produit un sentiment de satisfaction et une pulsion psychique exigeant l’administration périodique ou continue de la drogue pour provoquer le plaisir ou éviter le malaise » (O.M.S., 1964). Pour les toxicomanes, cela se traduit pat « être accro dans sa tête ».

Le potentiel de dépendance physique est l’aptitude d’un médicament à servir de substitut à un autre dont l’organisme a été préalablement rendu dépendant.

Cette définition se veut plus objective que l’ancienne notion de toxicomanie, chargée d’histoire et de connotations subjectives. Mais elle échoue précisément à cerner une entité et tend, en voulant la préciser, à son démembrement. Ne conserver de la toxicomanie que la dépendance, comme le font certains auteurs anglophones avec le terme addiction (« assuétude ») revient à mettre sur le même plan des conduites aux significations et aux conséquences fort différentes.

Sur le plan socioculturel, il existe des différences nettes entre les dépendances aux différents types de drogue : licites (alcool, tabac, médicaments) et illicites (plus ou moins « dures). Cliniquement, la dépendance est un élément clé de toute toxicomanie, mais qui ne suffit pas à résumer ce concept.

La tendance à l’objectivation tend à faire de la dépendance un concept scientifique, comportemental, voire mesurable. La dépendance humaine ne peut en fait s’aborder sans soient pris en compte la position du sujet, son engagement vers la dépendance ou la toxicophilie.

Elle ne peut se réduire aux données issues de recherches pharmacologiques et comportementales sur des animaux de laboratoire. Les expérimentations animales ne permettent en fait qu’une faible prévisibilité du pouvoir toxicogène d’une médicament nouveau.

Pour les psychanalystes, cette notion renvoie à la dépendance infantile, aux difficultés de séparation, à la difficulté d’effectuer un deuil, à la dépressivité ou à l’anaclitisme.

Phénoménologiquement, la pharmacodépendance est toujours un phénomène complexe, qui entre dans une façon d’être au monde et aux autres : s’y retrouvent tant le rassurement de la dépendance à un objet apparemment maîtrisable qu’une relation particulière aux autres, au plaisir, au risque, à la loi. »

Les causes de l’addiction.

D’après les définitions des différents dictionnaires exposées ici, il semble que l’addiction provient à cause de :

  • Facteurs psychologiques : Besoins non satisfaits, estime de soi faible, ou sentiment de toute puissance, difficultés relationnelles, des problématiques infantiles liées à l’abandon, à la séparation à la mère durant les premiers mois de la vie de l’individu, un manque affectif certain, une compensation d’un manque ou l’évitement d’un malaise dû à la perte d’un besoin.
  • Facteurs neurologiques : Le rôle de la dopamine et des circuits de récompense lors de la prise de la substances addictives ou de la visualisation de l’objet addictif. La recherche d’un plaisir ponctuel ou continu, l’obsession caractérisée par un phénomène traumatique ambivalent dans l’enfance ou l’adolescence.

La honte liée à la sensation de plaisir pendant l’acte incestueux par exemple. Le but est de retrouver cette sensation tout en dissimulant cet attrait et cette activité intime. Cela rejoint les facteurs psychologiques.

  • Facteurs socioculturels et environnementaux : Accessibilité accrue à Internet, normalisation de la pornographie, l’anonymat… l’exposition précoce à la pornographie en lien avec des fréquentations extérieures ou des incitations familiales.

La pornographie a ceci de spécifique c’est qu’elle est consommée dans un environnement précis et caché, soit seul, soit à plusieurs. Mais le plus souvent, et pour rejoindre ce qui a été écrit plus haut, l’individu a des besoins de plus en plus fréquents et de plus en plus élevés pour atteindre le même plaisir, ce qui demande du temps, de l’énergie, de l’argent quelques fois, pouvant amener à des comportements illégaux.

Les conséquences de l’addiction à la pornographie.

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  • Conséquences psychologiques : Anxiété, dépression, culpabilité, honte, solitude, perte de contrôle, frustration, fatigue, épuisement psychologique liée à une forme d’obsession qui met en danger les autres domaines de la vie du sujet, dépression, détérioration de la santé mentale, perte d’intérêt pour les autres activités etc.
  • Conséquences relationnelles : Difficultés à établir des relations intimes, problèmes de couple, problèmes sexuels d’éjaculation précoce par exemple, isolement, prise de risque allant à l’encontre de la loi, suicide sociale, dévalorisation et/ou non respect de son ou sa partenaire, incapacité de lier des relations authentiques.

Les individus peuvent développer des attentes irréalistes envers leurs partenaires, ce qui peut conduire à des frustrations et à des difficultés à établir des relations intimes satisfaisantes.

  • Conséquences professionnelles : Baisse de productivité, de la performance, problèmes de concentration, etc.
  • Déformation de la réalité :
    • Corps idéalisés : La pornographie présente souvent des corps parfaits et retouchés, ce qui peut engendrer des insécurités et des difficultés à accepter son propre corps.
    • Scénarios extrêmes : Les scènes pornographiques sont souvent poussées à l’extrême, ce qui peut fausser les attentes en matière de performances sexuelles et de plaisir.
    • Consentement flou : Le consentement est souvent banalisé ou absent dans la pornographie, ce qui peut influencer la perception des limites et du respect mutuel dans les relations sexuelles réelles.
  • Stéréotypes de genre :
    • Rôles sexués: La pornographie perpétue souvent des stéréotypes de genre très marqués, où les femmes sont objectivées et les hommes présentés comme des êtres hypersexuels.
  • Violence sexuelle : La banalisation de la violence sexuelle dans certains contenus pornographiques peut normaliser des comportements inacceptables

Je vous propose de consulter ce lien pour lire les effets pervers du porno sur notre cerveau et notre comportement :

https://www.moustique.be/actu/sante/2022/10/21/les-effets-pervers-du-porno-sur-notre-cerveau-et-nos-comportements-249073

Les solutions pour s’en sortir.

  • La prise de conscience : Le premier pas vers la guérison. Pour cela, la survenue d’un accident de la vie, ou d’une paralysie ou d’un problème grave de santé peut être un signal d’alerte important. L’intervention d’un être proche en thérapie de groupe peut également enclencher ce processus de prise de conscience. Ou une simple consultation pour évaluer votre niveau de dépendance peur aider à cette prise de conscience : Réservez votre séance.
  • Les thérapies par l’hypnose et par l’EMDR : C’est modifier ses pensées et ses comportements grâce à la visualisation de traumatismes passées, à la recherche d’explication de cette addiction. Parce qu’il peut arriver, pour les formes les plus sévères d’addiction à la pornographie, ce qu’on appelle un craving intense, c’est-à-dire une pulsion, un besoin incontrôlé, malgré les conséquences négatives.
  • La thérapie familiale : cette thérapie peut très bien fonctionner pour contrer l’addiction à l’alcool notamment. L’intervention des enfants ou des parents bienveillants et aimants du sujet peut atténuer ou stopper nettement cette consommation.

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  • La thérapie par l’exemple : Pourvoir considérer que ce comportement pourrait appartenir à un être cher et proposer de lui venir en aide ou rencontrer des personnes en proie à cette addiction, observer leurs attitudes, leurs physionomies, les conséquences de cette pratique obsessive donc excessive sur l’individu…afin d’intégrer l’effet miroir. Impliquer ainsi le choc émotionnel à ce processus.

Voici un lien qui pourrait vous intéresser : https://www.lavoixdux.com/2017/02/25/people-accros-porno/

  • Les traitements médicamenteux (si nécessaire, en consultation avec un professionnel de santé).

La prévention.

  • L’éducation sexuelle : L’importance d’une sexualité saine et respectueuse.
  • La communication au sein de la famille : Créer un climat de confiance pour en parler et orienter en accompagnant les individus vers des organismes spécialisés afin de s’informer plus avant sur les impacts et les risques pour la santé.
  • Les limites à fixer : Protéger ses enfants de l’exposition précoce à la pornographie renvoie avant tout au contrôle parental sur tous les supports informatiques.

En conclusion, la pornographie a un impact significatif sur la perception de la sexualité. Il est important de sensibiliser le grand public à ces enjeux et de promouvoir une sexualité basée sur le consentement, le respect mutuel et le plaisir partagé.

Il est possible de ne pas entrer dans cette dépendance ou cette addiction. Il est également possible d’en sortir grâce l’accompagnement de plusieurs professionnels de la santé mentale et physiologique. (Réservez votre séance).

@copyright : J’autorise la citation de mes textes sous réserve que la source soit citée et mise en lien.

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