Le brain-rot: L’impact des réseaux sociaux sur nos capacités mentales.

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Article 42.1.

Les questions d’une journaliste Adèle Gireau sont l’occasion d’écrire deux articles sur ce phénomène, le brain-rot ou « abrutissement numérique ». Actuellement, nous sommes tous plus ou moins absorbés par ce qui se déroule sur les réseaux sociaux, au point que les médias prennent quelques références sur eux.

Il me semble aujourd’hui important de rapporter ce danger, et les risques que cela comporte de rester scotché sur son téléphone, sur les informations plus ou moins validées ou vérifiées véhiculées par les réseaux sociaux, les vidéos courtes se rapprochant du « bêtisier télévisuel », excellent moyen de divertissement, évitant ainsi l’ennui, ou toute forme de sociabilisation.

1. Définition du brain-rot.

Le brain-rot: l'impact des réseaux sociaux sur nos capacités mentales.

Le terme « brain rot » ou « abrutissement numérique » est une expression de plus en plus utilisée pour décrire les effets psychologiques et cognitifs négatifs causés par une exposition excessive à des contenus en ligne considérés comme étant de faible qualité, peu stimulants intellectuellement, voire aliénants.

2. Quel type de contenus sont concernés par le brain-rot?

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Il peut s’agir de vidéos répétitives et peu informatives, de contenus sensationnalistes ou anxiogènes, de « mèmes » absurdes et peu originaux, de flux d’informations constants et fragmentés, ou encore de contenus qui encouragent la passivité et la consommation irréfléchie.

Les réseaux sociaux ont un impact profond et varié sur nos capacités mentales. Il est essentiel de comprendre ces effets pour naviguer dans le monde numérique de manière saine et équilibrée.

3. Effets négatifs potentiels :

  • Baisse de l’attention et de la concentration : Le flux constant de notifications et d’informations peut fragmenter notre attention, rendant difficile la concentration sur des tâches uniques et approfondies.
  • Troubles du sommeil : L’exposition à la lumière bleue des écrans avant le coucher peut perturber la production de mélatonine, une hormone essentielle au sommeil, entraînant des difficultés d’endormissement et un sommeil de mauvaise qualité.
  • Anxiété et dépression : La comparaison constante avec les autres, la pression de présenter une image parfaite de soi-même et le cyberharcèlement peuvent contribuer à l’anxiété, à la dépression et à une faible estime de soi.
  • Addiction : Les réseaux sociaux peuvent être conçus pour créer une dépendance, avec des mécanismes de récompense qui nous incitent à revenir constamment sur les plateformes, au détriment d’autres activités importantes.

4. Effets positifs potentiels :

  • Maintien des liens sociaux : Les réseaux sociaux peuvent faciliter la connexion avec des amis et la famille, en particulier pour ceux qui sont éloignés géographiquement.
  • Soutien émotionnel : Les communautés en ligne peuvent offrir un espace de soutien et de partage pour les personnes traversant des difficultés similaires.
  • Développement de compétences : Certains réseaux sociaux peuvent être des outils d’apprentissage et de développement de compétences, offrant des possibilités de se connecter avec des experts et de partager des connaissances.

Il est crucial de noter que l’impact des réseaux sociaux varie considérablement d’une personne à l’autre. L’âge, la personnalité, le niveau d’utilisation et le type de contenu consommé sont autant de facteurs qui influencent les effets sur nos capacités mentales.

5. Certaines études affirment que les réseaux sociaux sont comme une drogue, dû à la dopamine créée par cette consommation d’écran. Mais comment, d’une hormone positive, peut-on désormais dire que les réseaux ont un impact négatif sur notre cerveau ?

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C’est une excellente question qui met en lumière la complexité de l’impact des réseaux sociaux sur notre cerveau. Il est vrai que la dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir et à la récompense, est libérée lorsque nous utilisons les réseaux sociaux. C’est ce qui explique en partie l’attrait et le potentiel addictif de ces plateformes.

Cependant, il est important de distinguer l’effet de la dopamine dans le cadre d’une utilisation normale des réseaux sociaux et son rôle dans le développement d’une addiction.

Dans le premier cas, la dopamine agit comme un signal de récompense naturelle. Lorsque nous recevons une notification, un like ou un commentaire, notre cerveau interprète cela comme un signe d’approbation sociale, ce qui active le circuit de la récompense et nous incite à continuer à utiliser la plateforme. C’est un mécanisme similaire à celui qui se produit lorsque nous mangeons quelque chose de délicieux ou que nous pratiquons une activité agréable.

Dans le second cas, l’utilisation excessive et compulsive des réseaux sociaux peut entraîner une surstimulation du circuit de la récompense. Cela peut conduire à une dépendance, où le cerveau devient moins sensible à la dopamine et nécessite des doses de plus en plus importantes de stimulation pour ressentir le même niveau de plaisir. C’est un peu comme ce qui se passe avec les drogues : le corps s’habitue à la substance et a besoin de quantités croissantes pour obtenir le même effet.

6. Alors, comment expliquer que d’une hormone positive, on puisse passer à un impact négatif sur le cerveau ?

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Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette transition :

  • La fréquence et la durée d’utilisation : Plus nous passons de temps sur les réseaux sociaux, plus le risque de développer une dépendance est élevé.
  • Le type de contenu consommé : Les contenus négatifs, tels que les comparaisons sociales, le cyberharcèlement ou la désinformation, peuvent avoir un impact négatif sur notre bien-être mental et émotionnel.
  • La vulnérabilité individuelle : Certaines personnes sont plus susceptibles que d’autres de développer une dépendance aux réseaux sociaux, en raison de facteurs génétiques, environnementaux ou psychologiques.

Il est important de noter que l’addiction aux réseaux sociaux n’est pas reconnue comme une maladie mentale à part entière par l’Organisation Mondiale de la Santé. Cependant, elle peut entraîner des conséquences négatives sur la santé mentale, telles que l’anxiété, la dépression, les troubles du sommeil et l’isolement social.

Il est donc essentiel d’utiliser les réseaux sociaux de manière responsable et équilibrée, en étant conscient des risques potentiels et en adoptant des stratégies pour limiter son temps d’écran et se protéger des contenus négatifs.

Si vous avez l’impression que votre utilisation des réseaux sociaux devient problématique, je reste disponible pour une consultation : réservez votre séance.

Aussi, Raphaël Gaillard, psychiatre, spécialiste en neurosciences et en dépression, a rapporté une perte de mémoire notable chez l’individu parce qu’il se donne la possibilité de se reporter sur son téléphone ou sur son ordinateur pour obtenir toutes sortes d’informations.

Moi, je suis docteur en psychologie sociale et du sport, et je peux vous assurer qu’il y a une régression dans la gestion des émotions, une difficulté à dépasser les frustrations, une diminution dans les capacités de sociabilisation et dans les capacités motrices.

Je prends pour exemple des élèves de collège ou de lycée qui peuvent passer toutes leurs récréations, donc tout leur temps libre dans la salle de classe à regarder des vidéos courtes… à scroller sur les réseaux sociaux les plus populaires.

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La dopamine créée par le flot infini d’images et d’informations quel qu’elles soient, tout particulièrement celles qui vont dans le sens des opinions, des aspirations des internautes. Cette dopamine dure le temps du visionnage, mais retombe rapidement. En cela, l’internaute recherchera à ressentir cette satisfaction, de plus en plus fréquemment.

Et avec le temps, il aura besoin d’une plus grande dose de satisfaction, s’exposant de plus en plus longuement au visionnage de ces réseaux, ce qui s’apparente à la prise de drogue. Plus vous consommez, plus vous aurez besoin de doses plus régulières, plus intenses et plus puissantes. Et quand la dopamine retombe, s’il n’y a pas satisfaction immédiate, la déprime peut survenir. Un besoin s’est créé, un besoin créé par les algorithmes.

Au-delà de ces visionnages et de ces informations, la recherche de récompense initiée par le nombre de vues de nos propres publications, par le nombre d’abonnés, par le nombre de likes, de commentaires positifs s’est imposée comme une normalité.

C’est une forme d’addiction ou tout simplement une addiction explicite de ces réseaux, où le système de récompense-punition semble bien rodé, s’apparentant à la théorie du renforcement de B. F. Skinner, Psychologue béhavioriste américain. Dans l’une de ses expériences les plus célèbres, il a placé un pigeon dans une boîte (connue sous le nom de « boîte de Skinner ») et lui a présenté un bouton.

Chaque fois que le pigeon picorait le bouton, il recevait une récompense, comme de la nourriture. Au fil du temps, le pigeon a appris à associer le picage du bouton avec la récompense et a commencé à picorer le bouton de plus en plus fréquemment.

Expériences de Skinner sur les animaux.

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Skinner a mené de nombreuses expériences sur des animaux, notamment des pigeons et des rats, pour étayer sa théorie. Dans l’une de ses expériences les plus célèbres, il a placé un pigeon dans une boîte (connue sous le nom de « boîte de Skinner ») et lui a présenté un bouton.

Chaque fois que le pigeon picorait le bouton, il recevait une récompense, comme de la nourriture. Au fil du temps, le pigeon a appris à associer le picage du bouton avec la récompense et a commencé à picorer le bouton de plus en plus fréquemment.

Principes de la théorie du renforcement.

La théorie du renforcement de Skinner repose sur plusieurs principes clés :

  • Renforcement positif : L’ajout d’un stimulus agréable après un comportement, ce qui augmente la probabilité que le comportement se reproduise.
  • Renforcement négatif : Le retrait d’un stimulus désagréable après un comportement, ce qui augmente également la probabilité que le comportement se reproduise.
  • Punition positive : L’ajout d’un stimulus désagréable après un comportement, ce qui diminue la probabilité que le comportement se reproduise.
  • Punition négative : Le retrait d’un stimulus agréable après un comportement, ce qui diminue également la probabilité que le comportement se reproduise.

Applications de la théorie du renforcement.

La théorie du renforcement de Skinner a été largement appliquée dans divers domaines, tels que l’éducation, la thérapie comportementale et la gestion d’entreprise. Par exemple, les enseignants peuvent utiliser le renforcement positif pour encourager les bons comportements chez les élèves, tandis que les thérapeutes peuvent utiliser la thérapie comportementale pour aider les patients à surmonter leurs phobies ou leurs dépendances.

Critiques de la théorie du renforcement.

Bien que la théorie du renforcement de Skinner ait été très influente, elle a également été critiquée pour plusieurs raisons. Certains critiques soutiennent que la théorie ne tient pas compte des processus cognitifs et émotionnels qui peuvent également influencer le comportement.

D’autres critiques soulignent que la théorie peut être utilisée pour manipuler les individus et qu’elle ne tient pas compte de la complexité du comportement humain.

En résumé, la théorie du renforcement de Skinner est une théorie de l’apprentissage qui met l’accent sur le rôle des conséquences dans le façonnement du comportement. Bien qu’elle ait été critiquée, elle reste une théorie importante et influente dans le domaine de la psychologie.

Un comportement peut être renforcé quand il est suivi d’événements positifs et diminue quand il est suivi d’événements négatifs. Cette théorie est donc intéressante quand on cherche à augmenter la motivation intrinsèque de l’individu.

La théorie du conditionnement de I. Pavlov.

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Physiologiste russe, pourrait également être impliquée dans ce système addictif. Pour rappel, l’expérience la plus célèbre de Pavlov impliquait un chien, de la nourriture et une cloche. Initialement, la nourriture (stimulus inconditionnel) provoquait une salivation (réponse inconditionnelle) chez le chien.

La cloche (stimulus neutre) ne provoquait aucune réponse particulière. Cependant, Pavlov a commencé à sonner la cloche juste avant de présenter la nourriture au chien à plusieurs reprises. Au fil du temps, le chien a commencé à associer la cloche (stimulus conditionné) à la nourriture, ce qui a finalement conduit à une salivation (réponse conditionnée) en entendant seulement la cloche, même en l’absence de nourriture.

Cette théorie explique comment un organisme peut apprendre à associer un stimulus neutre (ici les réseaux sociaux) à un stimulus inconditionnel (les likes, ou le nombre de vues, ou d’abonnés), ce qui conduit à une réponse conditionnée (la dopamine, donc la fidélisation).

Expérience de Pavlov.

L’expérience la plus célèbre de Pavlov impliquait un chien, de la nourriture et une cloche. Initialement, la nourriture (stimulus inconditionnel) provoquait une salivation (réponse inconditionnelle) chez le chien. La cloche (stimulus neutre) ne provoquait aucune réponse particulière.

Cependant, Pavlov a commencé à sonner la cloche juste avant de présenter la nourriture au chien à plusieurs reprises. Au fil du temps, le chien a commencé à associer la cloche (stimulus conditionné) à la nourriture, ce qui a finalement conduit à une salivation (réponse conditionnée) en entendant seulement la cloche, même en l’absence de nourriture.

Principes clés.

  • Stimulus inconditionnel (SI): Un stimulus qui provoque naturellement et automatiquement une réponse sans apprentissage préalable (par exemple, la nourriture pour un chien).
  • Réponse inconditionnelle (RI): Une réponse naturelle et automatique à un stimulus inconditionnel (par exemple, la salivation en réponse à la nourriture).
  • Stimulus neutre (SN): Un stimulus qui ne provoque pas de réponse particulière au départ (par exemple, une cloche).
  • Stimulus conditionné (SC): Un stimulus neutre qui, après avoir été associé à un stimulus inconditionnel, finit par provoquer une réponse conditionnée (par exemple, la cloche après avoir été associée à la nourriture).
  • Réponse conditionnée (RC): Une réponse apprise à un stimulus conditionné (par exemple, la salivation en réponse à la cloche).

Implications.

Le conditionnement classique a des implications importantes dans de nombreux domaines, notamment :

  • Apprentissage: Il explique comment les associations se forment entre les stimuli et les réponses, ce qui joue un rôle crucial dans l’apprentissage de nouvelles informations et de nouveaux comportements.
  • Émotions: Il peut expliquer le développement de certaines émotions, comme la peur ou l’anxiété, en associant un stimulus neutre à une expérience émotionnelle forte.
  • Thérapie comportementale: Il est utilisé dans certaines thérapies pour aider les individus à surmonter des problèmes tels que les phobies ou les troubles anxieux.

Critiques.

Bien que le conditionnement classique soit une théorie influente, elle a également été critiquée pour sa simplicité et son incapacité à expliquer tous les types d’apprentissage. Certains critiques soulignent que la théorie ne tient pas compte des processus cognitifs et des facteurs individuels qui peuvent également influencer l’apprentissage.

En résumé.

La théorie du conditionnement classique de Pavlov explique comment un organisme peut apprendre à associer un stimulus neutre à un stimulus inconditionnel, ce qui conduit à une réponse conditionnée. Cette théorie a des implications importantes dans de nombreux domaines et a contribué à notre compréhension de l’apprentissage et du comportement.

Les réseaux sociaux peuvent jouer sur ces deux tableaux auprès des êtres humains que nous sommes. Et même si l’homme est « un animal social » d’après Aristote, il n’en est pas moins démuni d’émotions et de sentiments. Ces derniers étant induits par l’éducation, l’histoire de chacun, et sont en lien direct avec notre corps, notre chimie, notre physiologie, notre cerveau…

Le brain-rot: l'impact des réseaux sociaux sur nos capacités mentales.

Il est de bon ton de dire que quand l’homme n’a pas ce qu’il veut rapidement, il peut tomber en déprime et à la longue en dépression. L’enjeu ici est de lui apprendre à gérer cette frustration. Ou si sa réalité ne se rapproche pas de ses idéaux ou de ses rêves ou de ses désirs, il peut tomber en désespoir…

Ce qui implique des émotions négatives, et ces émotions négatives brouillent notre perception de la réalité, nous rendant moins lucides et plus enclins à agir sans réfléchir, c’est-à-dire en privilégiant les impulsions ou les pulsions, les comportements réflexes et automatiques.

Aussi, cette fluctuation des émotions positives et négatives, régulière et rapide est dangereuse pour la santé mentale, pour nos capacité intellectuelles et cognitives, parce qu’elle fatigue considérablement l’organisme, le cerveau, ce qui ne donne plus ni force ni espace pour d’autres activités.

Nous pouvons effectivement dire que les réseaux ont un impact négatif sur notre cerveau tout particulièrement s’ils sont pris comme une compensation à une vie vide de sens, de solitude, à des émotions négatives en lien direct avec les contraintes de l’existence…

L’abus des réseaux sociaux est un danger pour le cerveau, pour l’humanité toute entière.

Le brain-rot: l'impact des réseaux sociaux sur nos capacités mentales.

Vous trouverez la suite de l’article sur ce site via ce lien : article 42.2.

Vous trouverez l’article journalistique via ce lien : https://www.stylist.fr/brain-rot-est-ce-vrai-qu-internet-pourrit-nos-cerveaux,322939.asp

Joéline ANDRIANA, docteur en psychologie, auteur et conférencier.

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