La peur de l’échec et le perfectionnisme sont des obstacles majeurs à la performance sportive. Ils peuvent freiner la progression des athlètes, limiter leur potentiel et nuire à leur bien-être mental. Heureusement, il existe des stratégies et des techniques pour surmonter ces challenges et performer à son meilleur niveau.
J’aimerais tout d’abord donner une définition de la performance, ce but ultime de chaque sportif de haut-niveau.
La performance ?
Selon le dictionnaire de psychologie, mené sous la direction de Roland Doron et Françoise Parot, il est noté : « alors que dans l’usage courant le mot performance se voit généralement doté d’une connotation d’exploit – la performance d’un athlète de haut niveau -, dans le vocabulaire de la psychologie, il désigne au contraire l’activité manifeste dans un contexte donné, laquelle peut demeurer bien en deçà des potentialités du sujet.
On peut ainsi opposer apprentissage et performance, apprentissage renvoyant ici aux capacités acquises dont la performance n’est que la manifestation occasionnelle, traduisant pas nécessairement les capacités réelles.
La même distinction trouve son fondement dans l’apprentissage latent, dans lequel rien ne révèle, au moment où il se réalise, un apprentissage en cours, qui ne s’actualisera qu’ultérieurement à la faveur des circonstances particulières. On la retrouve dans l’opposition compétence-performance en psycholinguistique.
Au plan théorique, cette distinction peut conduire à tenir la performance, en un sens équivalent à comportement observable, pour un simple indice d’une réalité interne, cognition, représentation, qui constituerait l’objet véritable de la psychologie.
Dans le domaine des tests ou autre épreuves psychologiques impliquant une tâche d’une certaine durée, la performance sera synonyme de rendement.
L’évaluation est une démarche centrale dans la gestion des ressources humaines parce qu’elle permet de décrire les forces et les faiblesses des individus et des groupes. L’évaluation de la performance comporte deux étapes distinctes, l’observation et le jugement. Elle utilise des indicateurs objectifs (production, chiffres de vente, nombre d’erreurs, accidents, absences…) ou des indicateurs subjectifs (fiche de notation utilisées par la hiérarchie).
Les indicateurs objectifs ne sont pas toujours fiables parce qu’ils fournissent des informations souvent peu fidèles dans le temps, et parce qu’ils peuvent être fortement déterminés par des facteurs situationnels.
L’effort des psychologues du travail s’est donc porté sur le développement des fiches de notation fondées sur une analyse précise des comportements de travail et de leur importance relative, et dont le format évite les erreurs de halo et les imprécisions, ainsi que sur la formation des notations. »
La performance motrice ?
Selon ce même dictionnaire, c’est un « comportement et degré d’efficience de ce comportement qui résulte de la mobilisation des ressources d’un individu face aux contraintes d’une tâche motrice.
La performance dépend des aptitudes psychomotrices ou physiques et des habiletés individuelles, mais aussi de la capacité à les mobiliser de manière optimale dans la tâche. Cette capacité est fonction de ma motivation et du contrôle émotionnelle du sujet. »
C’est à ce niveau précis que survient la notion de peur de l’échec.
La peur ?
Pour ce qui est de la définition de la peur, je vous propose le lien de mon article intitulé : La peur : une émotion complexe et plurielle.
J’aimerais également ajouter une citation de Alain Prost : « Il existe une peur qui émerge de la conscience et qui découle de l’instinct de conservation. Elle doit exister. Et puis, il y a la peur qui paralyse et qui fait perdre les dixièmes de seconde. Celle-là doit disparaître. » Alain Prost
L’échec ?
Dans le dictionnaire de psychologie, il est noté névrose d’échec, « on parle, en psychanalyse, à la suite des travaux de R. Laforgue en 1941, de conduites d’échec lorsqu’il apparaît qu’un sujet, qui poursuit consciemment et souvent activement certains buts, s’arrange pour ne pas les atteindre.
La recherche inconsciente de l’échec est l’effet de l’action interdictrice du surmoi. Lorsque de telles conduites se répètent dans la biographie du sujet qui ne présente pas par ailleurs de symptômes psychopathologiques caractérisés, on parle de névrose, ou mieux de punition, qui relève du masochisme moral. Les névroses d’échec entrent dans le cadre plus généralisé des névroses de destinée. »
Alors pourquoi un athlète de haut niveau censé travailler à atteindre la meilleure performance aurait-il peur de l’échec ? Dans ce cas précis, il est primordial d’élaborer un processus thérapeutique approfondi afin de se libérer de toute forme d’émotions qui bloqueraient l’accès à cet objectif de réussite. Je peux vous accompagner dans ce processus. Réservez votre séance.
Le perfectionnisme ?
J’aimerais partager cette vidéo d’une interview de Alain Prost, ancien pilote français de Formule 1, quadruple champion du monde, intitulé Confidences, au profit cerveau et de la moëlle épinière, il dit très clairement « la performance d’un pilote c’est de la psychologie. Quand vous avez le moindre doute, vous ne pouvez pas performer de la même manière. »
https://www.youtube.com/watch?v=yS5jvyx3zRc
Il a également dit dans une autre interview : sur le sens de sa vie, pour lui, performer c’est être le meilleur sinon ça n’a aucun sens…
https://www.youtube.com/watch?v=18gkD_-lOJg
Je prends pour référence certains chercheurs. Et je vous propose de compléter ces données en lisant mon article intitulé : L’anxiété chez les athlètes de haut niveau : une émotion à gérer.
« Le perfectionnisme est défini comme une tendance à se fixer des objectifs de performance très élevés, et une disposition à évaluer ses propres performances de façon extrêmement critique. L’individu a alors recours à l’autocritique et à l’auto-évaluation afin de juger sa performance. (Frost, Marten, Lahart & Rosenblate).
Cette faculté à se critiquer soi-même et à se remettre en question peuvent être associés à des troubles psychopathologiques intégrant la phobie sociale et l’anxiété face à la performance attendue. Cela peut mener à la dépression, à des pensées suicidaires, des troubles personnels, des troubles alimentaires.
Aussi, le perfectionnisme peut provoquer des ulcères, des troubles intestinaux et des douleurs abdominales. Le perfectionnisme peut avoir une emprise sur les personnes malades, jouer un rôle importance dans le maintien de troubles physique et psychologique. Il influence également les personnes en bonne santé.
Le perfectionnisme est en lien avec la compulsion, qui est un genre de conduites que la personne est poussée à activer à cause d’une force interne, à laquelle elle ne peut résister sans ressentir de l’angoisse, ou de l’anxiété, ou de la frustration.
Le perfectionnisme est également corrélé à la dépression. Les études de Flett, Blankstein, Hewitt & Koledin, Frost démontrent que étudiants sont touchés par ces pathologies. Il existe une relation entre le perfectionnisme et l’anxiété.
Les sujets perfectionnistes sont animés par la peur de l’échec. La projection d’une performance est perçue comme une occasion d’échouer plutôt que de réussir. Ces individus perfectionnistes ressentent un niveau d’émotions négatives d’ouatant plus fort que la tâche est complexe.
Hewitt et Flett montrent dans leur recherche que le perfectionnisme est corrélé à la peur de réaliser une mauvaise évaluation et la crainte du jugement des autres.
Adler avance que s’efforcer d’être perfectionniste est normal et inné. Un perfectionniste « sain » essaie d’atteindre des buts réalisables qui restent à sa portée.
Un individu qui est trop perfectionniste se fixe des buts irréalisables et essaie d’obtenir de grandes performances. Adler décrit un individu présentant un perfectionnisme excessif comme un individu ayant une immense peur de la critique, qui a peur de commettre des erreurs, qui est très pointilleux sur l’ordre et désire une complète admiration.
Ces individus excessivement perfectionnistes deviennent égocentriques, manquent d’intérêt social car ils ont peur de la défaite. Tandis que des individus « normalement perfectionnistes » essaient d’aller vers un perfectionnisme leur permettant d’avoir des avantages, un bien-être. Les individus excessivement perfectionnistes essaient d’atteindre la supériorité sociale. Hamachek propose l’existence d’un perfectionnisme normal et d’un perfectionnisme névrotique (obsessif).
Les perfectionnistes « équilibrés » se fixent des niveaux d’exigences élevés, mais ils se sentent également libres d’être moins précis lors des situations qui le permettent. Ils se sentent bien par rapport à leur accomplissement, mais aussi ils s’accordent une certaine flexibilité pour faire et accepter de petites erreurs. A l’opposé, les perfectionnistes névrotiques se fixent des objectifs de haut niveau d’exigence dans toutes les situations.
Ils perçoivent leurs efforts comme étant toujours insuffisants. Barrow et Moore sont d’accord pour dire que les perfectionnistes identifient leurs valeurs personnelles à leurs accomplissements, leurs actions.
En outre, les perfectionnistes équilibrés trouvent de la satisfaction dans leur travail et rehaussent leur estime personnelle tandis que les perfectionnistes névrotiques ne se réjouissent jamais de leur travail et ils diminuent leur estime personnelle.
La littérature met l’accent sur les aspects sains et malsains du perfectionnisme. Par exemple, le perfectionnisme est associé à la dépression, à des douleurs chroniques, à des douleurs du comportement alimentaire, à la procrastination.
Le Perfectionnisme dans le milieu sportif.
Chez les athlètes féminines, le perfectionnisme est corrélé positivement avec l’anxiété et négativement avec la confiance en soi. Ainsi, on peut comprendre le rôle prépondérant des préparateurs mentaux avant, pendant et après la compétition. Grand nombre de sportifs ont recours à des rituels précompétitifs (comme toujours mettre sa chaussure gauche en premier ou toujours porter un maillot avec un numéro pair…) ou ils ont des objets fétiches (comme une chaîne, un médaillon…) dans un souci d’être chanceux.
Le perfectionnisme, associé à la peur de l’échec, des erreurs, et au doute, est relié à une série de réactions négatives face aux erreurs durant la compétition. Dans la même optique, il est associé à l’anxiété, à une faible confiance en soi, à une peur de l’échec, à de mauvaises réactions pendant la compétition, à des visions de peur de l’erreur et à une perception négative du coach face aux réactions de l’athlète qu’il entraîne.
Le perfectionnisme associé aux objectifs personnels, est corrélé avec une orientation vers le succès, donc une orientation plus positive que le perfectionnisme associé à la peur de l’échec.
En résumé, le perfectionnisme est souvent l’objet d’un des traits de caractère des sportifs et peut favoriser ou générer de l’anxiété.
En conclusion
La peur de l’échec et le perfectionnisme sont des défis communs chez les athlètes, mais ils ne doivent pas constituer des obstacles insurmontables. En adoptant des stratégies et des techniques adéquates, les athlètes peuvent apprendre à gérer ces émotions, à se libérer de la pression et à performer à leur meilleur niveau. N’oubliez pas que le succès passe par le travail acharné, la persévérance, une approche mentale positive et une gestion efficace des émotions.
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