La perte, le deuil: définitions.

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Introduction.

Cet article sur la perte et le deuil va me permettre de définir tout ce qui touche à la psychiatrie, à la psychanalyse et à la psychologie. Un second article mettra en avant les différents types de deuil, le processus classique et les solutions possibles pour en sortir avec douceur.

Pas facile pour moi d’avoir à écrire sur ce sujet. Il n’est jamais agréable de perdre quelqu’un ou quelque chose qui nous a tenu à cœur, qui a été là pendant les moments les plus intenses de sa vie.

A l’idée même de perte ou de deuil, toutes les histoires de vie me reviennent en tête.

Que ce soit la perte d’un être cher : un animal, un être humain,

la perte d’un objet : une maison ou une voiture, un objet de valeur : la montre de grand-père ou la robe de mamie, des photos, des vidéos, la perte d’argent,

que ce soit la perte de temps : une relation insignifiante, une série ou un film absurde,

que ce soit la perte de la santé physiologique et psychologique à cause d’une maladie, d’un accident,

que ce soit la perte de la jeunesse : le vieillissement peut être très mal vécu,

que ce soit la perte de poids : le résultat est un changement de perception de soi, du monde qui peut être mal vécu,

que ce soit la perte d’un travail : licenciement, démission, que ce soit la perte d’un amour, d’une amitié…

que ce soit la perte de soi, de son identité, de ses racines, de sa mémoire…

que ce soit la perte d’un idéal, d’espoir, d’envie, de désir, d’un rêve…

Toutes ces pertes peuvent être source de culpabilité, de regret, de remord, de nostalgie ou de mélancolie… de souffrance…

C’est en ça qu’il me semble primordial de traiter la manière dont nous pourrions gérer cette perte. Le travail de deuil est le processus le plus connu pour expliquer et remédier à ces sentiments douloureux, à cette souffrance de ne plus avoir accès concrètement au sujet ou à l’objet de la perte. Le plus remarquable chez l’être humain c’est que cette perte réveille classiquement et systématiquement à la mémoire des souvenirs positifs en lien avec ce sujet ou cet objet… dans un premier temps pour bien marquer l’absence… les regrets ou les remords en lien avec une culpabilité interne, source de maîtrise nécessaire à la situation.

Parce que le sentiment de puissance induit que nous aurions pu éviter cette perte… Et pourtant… Les aléas de la vie, les décisions prises par les autres, les émotions et les sentiments d’autrui sont également mis en exergue, si nous nous plongeons de façon rationnelle dans les conditions de réalisation de cette perte.

Je suis là pour vous aider à gérer vos émotions et tout particulièrement à distinguer ce qui est de votre responsabilité et de celle d’autrui, ou ce qui est de l’ordre des circonstances extérieures que nous ne pouvons pas maitriser. N’hésitez pas à prendre rendez-vous afin d’éluder cette souffrance et d’élucider les faits. (réservez votre séance).

Vous entendrez souvent des personnes dire qu’elles ne veulent pas faire le deuil de quelqu’un ou de quelque chose. Elles ont le droit de le proclamer et surtout de décider de la manière dont elles veulent vivre cette perte.

Vous entendrez également des personnes dire qu’elles n’arrivent pas à faire le deuil de quelqu’un ou de quelque chose, mais qu’elles n’osent pas demander de l’aide. Déjà, pour arriver à l’admettre, il s’agit d’avoir pu concevoir que cette souffrance interne soit en lien avec un drame personnel.

Vous entendrez enfin des personnes dire qu’elles sont perdues depuis la perte de quelqu’un ou de quelque chose. Ces personnes se noient dans des impossibilités d’évolution personnelle.

Quel que soit les circonstances, il est observé une stagnation psychique et physique, qui amène la personne à tourner en rond, ou à s’amenuiser, en restant dans cette zone de sécurité apparente qui à la longue devient destructrice.

Parce que l’être humain n’est pas fait pour stagner, parce que tout autour de lui évoque des changements inhérents à la condition humaine, il peut se retrouver piégé dans ses émotions, et ses sentiments négatifs…Se retrouver aigri et méprisant, agressif et violent, prostré et inconfortable dans la société qui l’entoure, remettant tout en question et ne trouvant sa place nulle part dans ce monde, hypersensible et se protégeant à outrance contre d’éventuelles intrusions dans sa vie… s’interdisant toute forme de relation d’amour ou d’amitié… se noyant dans la consommation de drogues ou d’alcool à outrance… sous prétexte de ne pas avoir à y penser.

Si vous pensez vous retrouver dans cette situation émotionnelle, je suis là pour vous aider. Réservez votre séance.

1.Le dictionnaire de psychologie.

la perte, le deuil.

Selon le dictionnaire de psychologie sous la direction de Roland Doron et Françoise Parot, Sigmund Freud a forgé le terme de travail de deuil « pour désigner le processus d’élaboration psychique qui s’effectue normalement dans l’appareil psychique après la perte d’objet. Par objet, il faut entendre non seulement une personne aimée, mais tout aussi bien une abstraction, un idéal.

La tristesse, l’inhibition le repli sur soi de la personne gravement endeuillée, la perte d’intérêt pour tout ce qui ne se rapporte pas à l’objet perdu, la perte du goût de vivre et de choisir de nouveaux objets d’amour apparaissent comme la conséquence économique de la mobilisation de toute l’énergie psychique disponible pour accomplir l’épreuve de réalité relativement à la perte d’objet, qui est déniée dans les couches profondes de l’inconscient.

Il s’agit en somme de lutter contre la tentation d’une psychose hallucinatoire de désir et de retirer l’investissement libidinal à l’objet. Cette tâche implique un investissement important tandis que l’existence de l’objet perdu est psychiquement maintenue.

La durée du déroulement complet du travail du deuil normal est de l’ordre de plusieurs mois. M. Klein a complété les conceptions freudiennes en montrant que le deuil remet en question la relation du sujet à ses objets internes et que le travail de deuil, qu’il soit normal ou pathologique, est la reproduction de la manière dont a été abordée et résolue une étape normale du développement de la première enfance, la position dépressive. »

2.Le dictionnaire de psychiatrie.

Selon le dictionnaire de psychiatrie de Jacques Postel, le deuil c’est un « état de perte d’un être cher s’accompagnant de détresse et de douleur morale, pouvant entraîner une véritable réaction dépressive et nécessitant un travail intrapsychique, dit « travail de deuil » (S. Freud), pour être surmonté.

On peut reconnaître, avec D. Lagache et M. Hanus, un deuil normal, un deuil compliqué et un deuil pathologique. Si le premier se liquide assez rapidement en passant successivement par les trois phases de détresse, de dépression et d’adaptation grâce aux processus de désinvestissement, d’intériorisation et d’identification à l’objet disparu, de culpabilité puis de détachement final, il n’en est pas de même pour les deux autres, qui entrent dans le cadre de la pathologie.

Le deuil compliqué se caractérise par un blocage du travail avec prolongation de la phase dépressive, réactions de stress (avec possibilité de manifestations psychosomatiques graves) et passages à l’acte suicidaires particulièrement fréquents.

Le deuil pathologique débouche sur la maladie mentale. Ses critères sont en retard dans l’apparition de l’affliction puis une prolongation de son évolution au-delà de deux ans et une menace réelle sur la santé psychique. Il peut s’agir d’une véritable psychose mélancolique ou maniaque (manie de deuil avec négation de la perte) ou d’un deuil obsessionnel, ou encore une hystérie de deuil.

Dans cette dernière forme, assez fréquente, l’endeuillé se comporte comme si le défunt était resté vivant. Il lui parle, garde sa place à la table des repas, son lit et sa chambre avec toutes ses affaires personnelles dans un cadre imaginaire de quasi réalité, véritable lieu de survie. L’identification au disparu se traduit par la reproduction plus ou moins inconsciente de ses symptômes, risquant d’aboutir à des troubles somatiques de conversion parfois très graves.

L’identification est devenue immuable et nécessite que le patient soit pris en psychothérapie pour que son deuil puisse être mobilisé et réélaboré jusqu’à son évolution normale. Les formes compliquées et pathologiques de deuil doivent en effet être traitées le plus précocement possible, d’abord par des traitements spécifiques pour les états dépressifs ou maniaques, puis par des thérapies d’inspiration psychanalytiques ; celles-ci sont normalement accompagnée de mesures de réadaptation sociale et affective.

Freud entreprend en 1915 une étude comparée du deuil et du processus mélancolique (Deuil et mélancolie, paru en 1917). Devant la reconnaissance de la disparition de l’objet externe, le sujet doit accomplir un certain travail, celui du deuil. La libido doit se détacher des souvenirs et des espoirs qui la reliaient à l’objet disparu, après quoi le moi redevient libre.

la perte, le deuil.

Klein, aidée des travaux de K. Abraham, va enrichir la conception freudienne (le Deuil et ses rapports avec les états maniaco-dépressifs, 1940) par sa découverte des espaces psychiques internes dont les qualités de bonté et de solidité sont mises à l’épreuve lors de la perte d’un objet externe.

Un travail de deuil, douloureux et normal, est déjà accompli par le tout petit enfant qui parvient à aborder et à élaborer les positions dépressives. Au cours de celles-ci, l’enfant prend conscience que la personne qu’il aime et celle qu’il a attaquée dans ses fantasmes destructeurs ne font qu’une. Il passe alors par une phase de deuil où l’objet externe aussi bien que l’objet interne sont vécus comme abîmés, perdus, abandonnant l’enfant à sa dépression. Ce n’est que peu à peu, avec douleur, que l’enfant, travaillant cette ambivalence et poussé par sa culpabilité dépressive, va parvenir à rétablir en lui un objet interne bon et sécurisant.

Une personne en deuil cherche, selon un processus semblable, à réinstaller en elle-même ses bons sujets, ses parents aimés.

Elle retrouve alors la confiance en l’être aimé à l’intérieur d’elle et peut supporter, grâce à cette présence interne, l’idée que l’être externe et disparu n’était pas parfait. L’échec de ce travail de deuil, lié aux états mélancoliques ou maniaco-dépressifs, transforme, selon M. Klein, « le mort en un persécuteur et ébranle aussi la foi du sujet dans ses bons objets intérieurs ».

3.Le dictionnaire international de psychanalyse.

Selon le dictionnaire international de la psychanalyse, sous la direction de Alain de Mijolla, « l’expression « travail de deuil » décrit une série d’opérations psychiques conscientes et inconscientes entraînées par la perte d’un objet affectivement et pulsionnellement investi. Quand ce processus s’accomplit, le sujet, en proie au deuil, parvient progressivement, et dans un délai incompressible, à se détacher de l’objet perdu.

Douleur extrême, négation de la réalité, hallucination de la présence de l’objet et réalisation de la perte se succèdent de manière cyclique pour aboutir aux transformations psychiques qui devraient permettre l’attachement à de nouveaux objets. (…)

L’essentiel de la démonstration de « Deuil et mélancolie » consiste à mettre en lumière une communauté des traits dépressifs de ces deux états. Outre le sentiment de tristesse si contagieux, l’un et l’autre comportent trois éléments communs : la perte de l’intérêt pour le monde extérieur, la perte de la capacité d’aimer et l’inhibition de toute activité.

La suspension d’intérêt pour le monde extérieur se marque par l’arrêt, du jour au lendemain, de toute attention dirigée vers l’environnement proche ou lointain. Ce qui, la veille, revêtait la plus haute importance n’existe littéralement plus. Le seul autre état où se marque aussi manifestement un tel repli narcissique est le sommeil. D’ailleurs, cette coupure du monde extérieur permet alors au sujet d’accéder à son intimité, à son intériorité, à ses désirs inconscients par le biais d’un autre travail psychique : celui du rêve.

(…)

Si le sommeil est condition de restauration psychique, occasion de remobilisation à partir de ce qui est contenu en soi, on pourrait admettre qu’une certaine forme de restauration psychique s’accomplit également dans le deuil grâce à la suspension opérée à l’égard de tout stimulus externe. La perte de l’objet investi contraint à une entreprise de réaménagement psychique, elle se montre si absorbante qu’elle nécessite de renoncer à l’investissement de l’externe au profit de l’interne. Faire l’inventaire de ce qui ne sera jamais plus se révèle extrêmement absorbant.

Ce retrait de la libido attachée à l’objet, la déconstruction de toutes les attaches qui ont uni un sujet à un objet, ne peuvent qu’entraîner le deuxième mouvement caractéristique : la perte de la capacité d’amour.

La concentration exacerbée sur soi empêche toute considération des autres et nuit à la manifestation de tout lien tendre. Les investissements consacrés au Moi ne sont provisoirement plus disponibles pour des objets.

(…)

Freud fait l’hypothèse que l’attachement potentiel à un autre objet pourrait signifier le remplacement de l’objet. En se gardant de s’attacher à tout autre objet, le sujet pourrait s’exonérer de toute attention mortifère à l’égard de l’objet disparu. Imaginer, pour s’en défendre, avoir pu peser sur la réalité externe-ici, être susceptible d’entraîner la disparition de l’objet- est manière de refuser le réel. Ce réel de la finitude de l’objet existe en dehors, en dépit du désir du sujet, c’est l’objet même de la confrontation avec la réalité.

Pourtant, la coupure avec la réalité externe correspond paradoxalement à la nécessité de la reconnaître. Élaborer la perte dans la réalité objectale et subjective amène un sujet à se couper des autres éléments de la réalité. Ce qui permet alors d’apprécier la troisième caractéristique du travail de deuil : la cessation de toute activité.

L’inactivité et le mépris à l’égard de la réalité externe ne relèvent néanmoins pas de la seule concentration sur le travail de deuil. En effet, ce dernier comporte également des tentatives pour nier la réalité de la disparition de l’objet en niant toute réalité. Cette alternance entre reconnaissance et négation de la réalité rend compte de mouvements contradictoires et circulaires.

Le deuil se vit dans une dualité paradoxale. Dépasser la perte se marque par l’excès de présence de l’objet disparu dans l’activité psychique du sujet en deuil. Si l’objet est définitivement perdu, ce qui était placé, lové dans l’objet reste psychiquement accessible. Le deuil est fait d’excessive présence à un objet pour en reconnaître l’extinction définitive. »

Conclusion.

Chaque personne vit la perte comme il le peut et le veut. En tant que docteur en psychologie, il me semble primordial de recourir à une aide extérieure compétente afin de vous accompagner. Ici, Freud, Klein, Lagache, Hanus ou Abraham sont cités… Ce sont les recherches les plus mises en avant dans la littérature scientifique. Je les prends comme des références, mais je sais aussi que les itinéraires de vie sont uniques et il est indispensable de prendre en considération cette unicité afin d’accompagner au mieux le sujet concerné.

Voici un lien sur une conférence de Alain Deneux intitulé De la souffrance de la perte à la construction de soi.

https://www.youtube.com/watch?v=TP-_8spx0bU

Voici un lien sur Le deuil, une métamorphose infinie pour lire et entendre les différentes manières de vivre le deuil.

https://www.youtube.com/watch?v=HbxKVAdoIjk

@copyright : J’autorise la citation de mes textes sous réserve que la source soit citée et mise en lien.

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