Les violences conjugales : pourquoi une femme reste auprès d’un partenaire violent?

Les violences conjugales ou pourquoi la femme reste auprès d'un partenaire violent? Les médias parlent beaucoup des violences conjugales, particulièrement des violences faites aux femmes, de féminicides. Ici, nous nous posons la question à savoir pourquoi une femme reste auprès d'un partenaire violent? Nous tentons d'y répondre, et particulièrement redonner la responsabilité de ces violences à celui qui les a perpétré. Malheureusement, beaucoup tente de comprendre tout en excusant ou justifiant le mal provoqué par ce partenaire violent. L'être humain est à la fois complexe et multidimensionnel.
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Les violences conjugales ou pourquoi une femme reste auprès d’un partenaire violent?

Les médias parlent beaucoup des violences conjugales, particulièrement des violences faites aux femmes, de féminicides.

Ici, nous nous posons la question à savoir pourquoi une femme reste auprès d’un partenaire violent? Nous tentons d’y répondre, et particulièrement redonner la responsabilité de ces violences à celui qui les a perpétré. Malheureusement, beaucoup tente de comprendre tout en excusant ou justifiant le mal provoqué par ce partenaire violent. L’être humain est à la fois complexe et multidimensionnel.

Un stimulus ne provoque pas systématiquement la même réponse. Un homme abusé ou violenté dans son enfance ne devient pas forcément un homme violent, abuseur, violeur à l’âge adulte, un homme violent, abuseur, violeur n’a pas forcément subi de violences physiques ou psychologiques durant sa petite enfance. Soyons vigilant à ne pas systématiser ces faits. Il est également possible de penser qu’une personne violente puisse changer, si et seulement si elle le décide et si elle met tout en place pour cela, prenant conscience de « l’anormalité » de ses actes, de « l’inadéquation de ses propos »…

Ce qui demande du temps et de l’énergie, ce qui demande de changer tout son contexte de vie.

Il est primordial de se respecter et de garder en tête que c’est la base même de la relation humaine.

Nous découperons notre propos en quatre parties.

  1. La violence.
  2. Les mythes à déconstruire.
  3. Les différentes formes de violences conjugales.
  4. Les femmes abusées.

Aujourd’hui, la violence semble être banalisée soit par les médias, soit par les jeux vidéo… J’ai le souci de différencier agressivité et violence. En cela, je mets en avant leurs définitions via des lectures en lien avec la psychologie et particulièrement la psychologie des femmes.

Dans le passé, j’ai été experte judiciaire, et j’ai écrit des rapports sur l’expertise psychologique de certaines personnes, particulièrement des hommes accusés de violences physiques et généralement de viols sur les femmes. Ces derniers n’ont jamais avoué être les auteurs de ces violences.

J’ai également reçu des femmes qui ont porté plainte pour violences conjugales. En général, ces violences conjugales révèlent des viols sexuels, des abus dans leurs témoignages, et les impacts perçus.

Cette thématique me tient à cœur, parce qu’il permet de déculpabiliser les victimes, parce qu’il permet de remettre les responsabilités dans l’ordre des choses.

Cet article donne des définitions indispensables à la structuration à la fois intellectuelle et émotionnelle sur ce sujet.

1. La violence.

Les violences conjugales: pourquoi une femme reste auprès d'un partenaire violent.

D’après le dictionnaire de psychologie, sous la direction de Roland Doron et Françoise Parot, « la violence physique fait régner la loi du plus fort en opprimant des individus ou des groupes plus faibles. En quoi consiste la violence psychique ? Dans la perspective économique ou quantitative en psychanalyse, S. Freud a décrit la violence intrapsyhique par excellence, celle que la pulsion, par la force de sa poussée, exerce sur l’appareil psychique et plus particulièrement sur le moi de l’individu.

Et cela quelle que soit la nature de la pulsion. Un désir amoureux peut être violent ; la violence n’est pas nécessairement le fait de l’agressivité : un acte agressif, par exemple une critique privée ou une manifestation publique, peuvent être non violentes.

Dans les relations intersubjectives, les psychologues ont décrit deux grandes formes de violence morale exercée par les personnes dominantes pour prolonger et renforcer leur supériorité :

-la menace de retrait de l’amour et de la protection (mécanisme fréquent dans la névrose),

-un usage pervers du raisonnement qui soumet la victime à des contradictions logiques, des communications paradoxales auxquelles il lui est défendu d’échapper et dont la culpabilité est retournée sur elle : double bind, efforts pour rendre l’autre fou (H. Searles) (mécanismes fréquents dans les états limites et la schizophrénie).

Plus généralement, la possession d’un bien, d’un savoir, d’un savoir-faire peut être ressentie par ceux qui en sont démunis comme violence qui leur est faite par le possesseur. D’où leur violence en retour.

Le modèle inconscient serait, selon M. Klein, l’identification projective du bébé qui pénètre fantasmatiquement dans le sein de la mère pour y détruire les organes et les produits de sa fécondité.

Sous l’expression de « violence de l’interprétation », P. Aulagnier a décrit la situation du tout-petit dépourvu de langage et qui doit laisser sa mère se poser en porte-parole de ses besoins physiques et de ses états psychiques.

  1. Bergeret a appelé « violence fondamentale » la situation du nourrisson confronté aux mauvais traitements des adultes et à une règle archaïque d’équilibre des vivants et des morts : pour que l’un vive, l’autre doit mourir. »

 

2. Les mythes à déconstruire.

Les violences conjugales : pourquoi une femme reste auprès d'un partenaire violent?

Il me semble primordial de défaire ou de déconstruire les idées reçues sur les femmes victimes de violence :

-« Si elle reste, c’est qu’elle aime ça »

-« Elle n’a qu’à partir »

-« Elle l’a probablement bien cherché »

-« Qu’est-ce qu’elle a bien pu faire pour provoquer chez lui autant de violence ? »

-« Pourquoi elle ne le quitte pas ? C’est quoi son problème à elle ? »

-« Pourquoi elle ne l’a pas dit ? »

-« Pourquoi elle n’a pas porté plainte ? »

-« Comment peut-elle aimer un homme qui l’humilie, la bat ? »

Vous trouverez via ce lien le témoignages de femmes célèbres :

https://sosfamillendanger.e-monsite.com/pages/divers-violences-conjugales-et-ddass/marie-trintignant.html

Selon l’ouvrage Psychologie des femmes, de Margaret W. Matlin,

  • Mythe1 : Les femmes aiment être battues.

Les premiers théoriciens soutenaient que si les femmes restent dans une relation violente, c’est parce qu’elles aiment être battues. Une partie de la population partage encore ce mythe (E. Klein et al. 1997). Cependant, nous n’avons aucune preuve venant à l’appui de cette croyance (A.R. Roberts, 1996 ; L.E.A. Walker, 2000). Les femmes n’aiment pas être maltraitées, pas plus qu’elles n’aiment être violentées.

  • Mythe 2 : Les femmes méritent d’être battues.

Selon ce mythe, la femme qui outrepasse ses fonctions de bonne épouse mérite d’être battue. Autrement dit, la responsabilité de l’agression retombe sur le comportement de la femme, et non sur la réaction de l’homme. Une étudiante de mon cours de psychologie des femmes a raconté un incident survenu alors qu’elle racontait un cas de violence conjugale à un groupe d’amis. Un homme avait grièvement blessé sa femme parce que le dîner n’était pas encore prêt quand il était rentré du travail. Un ami dans le groupe, qu’elle jugeait éclairé jusque-là, lui répondit : « Oui, mais elle aurait vraiment dû préparer le dîner à temps ».

  • Mythe 3 : Les femmes battues pourraient facilement partir si elles le voulaient vraiment.

Ce mythe ne tient absolument pas compte des facteurs interpersonnels et pratiques qui empêchent une femme de partir. Elle peut ressentir de l’amour pour l’homme qui la bat, cat il est le plus souvent correct. De plus, (…) beaucoup d’agresseurs deviennent généreux et gentils dans les jours qui suivent l’agression. Une femme maltraitée peut sincèrement croire que son mari est au fond un homme bon qui peut changer.

Beaucoup de femmes maltraitées se heurtent aussi à des barrières pratiques. Une femme peut n’avoir nulle part où aller, ne pas avoir d’argent et pas de moyen pour s’enfuir (McHugh et al., 1993). Une autre préoccupation d’ordre pratique est qu’un mari violent peut le devenir encore plus si sa femme décide de le quitter (Birns, 1999 ; Jacobson & Gottman, 1998). En fait, une femme risque plus d’être tuée ou grièvement blessée dans les deux ans qui suivent la séparation, qu’elle ne l’était lorsque le couple vivait sous le même toit. »

Les raisons qui poussent les femmes à rester sont multiples et complexes, et leur appartiennent.

Ici, nous allons juste tenter de comprendre le mécanisme opéré par le bourreau.

Voici un lien sur ces célébrités qui luttent contre les violences conjugales :

https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/photos-muriel-robin-karine-le-marchand-angelina-jolie-ces-stars-engagees-contre-les-violences-conjugales_533197

3. Les différentes formes de violences conjugales.

Les violences conjugales: pourquoi une femme reste auprès d'un partenaire violent?

Les violences conjugales ne se limitent pas aux blessures physiques visibles. Les violences psychologiques engendrées par ces violences physiques, qui peuvent s’accompagner d’insultes et de mots humiliants sont très profondes. Les traumatismes sont nombreux et malheureusement durables. Les personnes, notamment les enfants, spectatrices de ces violences conjugales sont complexes et ont un impact dans tous les domaines de la vie.

-Les violences physiques.

Les violences physiques sont les formes les plus visibles et les plus fréquemment associées aux violences conjugales. Elles peuvent aller de simples poussées à des agressions plus graves :

  • Les coups : gifles, coups de poing, de pied, avec un objet…
  • Les blessures : fractures, brûlures, lacérations, les bousculades…
  • La strangulation : une pratique particulièrement dangereuse qui peut entraîner des lésions cérébrales et la mort.
  • La séquestration : empêcher la victime de quitter les lieux, de voir ses proches ou de travailler.

-Les violences psychologiques.

Les violences psychologiques sont souvent plus subtiles et bien plus destructrices. Cette forme de violence vise à détraquer l’estime de soi de la victime, à la contrôler et à l’isoler.

  • Les insultes et les humiliations : dénigrement constant, moqueries, critiques incessantes, l’intimidation, la jalousie excessive ou le refus de parler…
  • Les menaces : menaces de mort, de violence envers les enfants ou les proches, de révélation de secrets…
  • Le contrôle : contrôle des finances, des relations sociales, des activités, des déplacements…
  • L’isolement : empêcher la victime de voir sa famille, ses amis, de travailler ou de sortir…
  • Le chantage affectif : menacer de quitter le foyer, de ne plus aimer la victime si elle ne fait pas ce qu’il lui demande…

Les violences sexuelles.

Les violences sexuelles dans le cadre du couple sont une forme de violence très grave qui porte atteinte à l’intégrité physique et psychologique de la victime :

  • Le viol conjugal: toute relation sexuelle imposée sans le consentement de la partenaire.
  • Les attouchements forcés: caresses, pénétrations digitales ou avec un objet…
  • Les pratiques sexuelles imposées: actes sexuels humiliants ou douloureux…

-La violence économique.

La violence économique consiste à priver la victime des moyens financiers nécessaires pour vivre de manière autonome :

  • Contrôle des finances : empêcher la victime d’avoir accès à l’argent, de travailler ou d’avoir un compte en banque.
  • Détournement des ressources : utiliser l’argent de la victime à son profit exclusif.
  • Dégradation de biens : détruire les objets personnels de la victime.

-La violence numérique.

Avec le développement des technologies, une nouvelle forme de violence est apparue : la violence numérique. Elle consiste à utiliser les outils numériques pour harceler, contrôler ou humilier la victime :

  • Cyberharcèlement : envoi de messages menaçants, insultants ou humiliants, diffusion de rumeurs ou de photos intimes sans le consentement de la victime.
  • Surveillance : espionnage des conversations, des courriels, des réseaux sociaux…

4. Les femmes abusées.

Les violences conjugales: pourquoi une femme reste auprès d'un partenaire violent?

Selon l’ouvrage intitulé Psychologie des femmes de Margaret W. Matlin,

« Le docteur Christine Dotterer, médecin réputé, explique comment son mari a abusé d’elle pendant neuf ans :

D’un certain sens ma situation n’avait rien d’extraordinaire. Il me frappait, me donnait des coups de poing, puis essayait de se réconcilier, habituellement au lit. Il y avait des périodes où tout allait bien et où j’avais pratiquement oublié qu’il m’avait frappé deux mois plus tôt. Il est vrai qu’il me dissuadait d’avoir des ami-es – il ne voulait même pas que je parle au téléphone. Mais je pensais que c’était moi qui avais des difficultés à me faire des amis, je n’imaginais pas qu’il veuille que je vive recluse. (Dotterer, 1992, p. 49).

Le Dr Dotterer a finalement mis un terme à cette relation abusive après avoir vu son mari battre son fils. Comme dans d’autres cas de violence conjugale, ce couple était américain d’origine européenne, bien éduqué et de classe moyenne. La violence faite aux femmes existe à tous les niveaux sociaux du continent nord-américain.

Nous utilisons le terme de violence faite aux femmes pour inclure le type d’agression dont Christine Dotterer a été victime.

(…)

La recherche a montré que les femmes aussi peuvent faire violence aux hommes. Cependant, il est clair que ce sont les femmes qui sont le plus souvent victimes de graves sévices de la part des hommes, plutôt que le contraire. (Christopher & Lloyd, 2000 ; DeKeseredy & Shwartz, 1998 ; Jiwani, 2000).

(…)

La plupart des femmes ne sont pas continuellement maltraitées. La violence est plutôt cyclique, bien que ce modèle ne soit certainement pas universel (S.A. Anderson & Sclossberg, 1999 ; L.E.A. Walker, 2000, 2001 ; Wallace, 1999). D’habitude, le cycle de l’abus comporte trois phases :

  • La phase où la tension monte.
  • La phase aiguë.
  • La phase amoureuse.

Pendant la phase où la tension monte, l’agression physique est plutôt limitée, mais les éclats de voix et les menaces accentuent cette tension. Souvent la femme essaie de calmer son partenaire. Cependant, la tension continue de monter.

Quand la tension est trop grande, l’agresseur réagit par un geste violent, ce qui est l’indice de la deuxième phase. La femme peut alors être victime d’une agression grave. Même un événement insignifiant peut déclencher l’incident violent (Lloyd & Emery, 2000). Par exemple, un riche professionnel brisa la mâchoire de sa femme quand il découvrit qu’une plante verte de sa demeure n’avait pas été suffisamment arrosée (Stahly, 2000).

Durant la troisième phase, l’agresseur devient habituellement charmant et affectueux. Il s’excuse et promet qu’il ne sera plus jamais violent. Il implore le pardon de la femme et l’amène à se sentir coupable si elle envisageait de mettre fin à leur relation. Bien que déconcertante, cette phase peut être un moment agréable et charmant dans la relation. En fait, la femme peut être amenée à oublier la tension, l’incertitude et la douleur des deux phases précédentes. En effet, l’homme peut vraiment se repentir à ce stade du cycle. Malheureusement, la plupart du temps le cycle se répète, avec souvent une intensification de l’agression et une phase amoureuse plus courte (L.E.A. Walker, 2000). »

Pourquoi ce cycle se répète-t-il ?

  • La peur : La victime a peur des représailles et des conséquences si elle quitte la relation. Vous trouverez plus de précision sur cette notion via l’un de mes articles intitulé La peur- une émotion complexe et plurielle.
  • La culpabilité : Elle se sent responsable de la violence et pense pouvoir la prévenir.
  • L’espoir : Elle croit en la possibilité d’un changement chez son partenaire.
  • La dépendance : Elle est souvent dépendante financièrement, affectivement ou socialement de son agresseur.

Je suis disponible si vous souhaitez en parler : Réservez votre séance.

Vous trouverez d’autres articles sur la psychologie sur mon site web: https://joelineandriana-auteur.com.

@copyright : J’autorise la citation de mes textes sous réserve que la source soit citée et mise en lien.

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