Comme vous le savez, le deuil est une expérience humaine universelle, un processus émotionnel complexe qui survient à la suite d’une perte, souvent associée à la mort d’un être cher. Bien que la mort soit l’un des principaux déclencheurs du deuil, d’autres formes de perte peuvent provoquer des réactions similaires, comme la perte d’un emploi, la fin d’une relation ou la perte d’une capacité physique. Le deuil est une réponse naturelle, mais il est aussi unique à chaque individu.
Dans cet article, nous allons explorer en profondeur le processus de deuil, les différentes étapes théoriques qui le composent, ainsi que les moyens de le traverser tout en restant psychologiquement sain. Nous aborderons aussi le rôle des professionnels, comme les docteurs en psychologie, dans l’accompagnement des personnes endeuillées.
Vous trouverez les définitions du deuil dans mon article intitulé La perte, le deuil: Définitions.
I. Le Deuil : Une Réaction Naturelle à la Perte.
Le deuil est souvent défini comme l’ensemble des réactions émotionnelles, cognitives, physiques et comportementales en réponse à une perte significative. Ces réactions varient d’une personne à l’autre, en fonction de la nature de la perte, de la relation avec la personne ou la chose perdue, ainsi que des antécédents psychologiques et sociaux de l’individu.
1.1. Les Émotions Associées au Deuil.
Les émotions que ressent une personne en deuil peuvent être intenses et diverses. Parmi les plus courantes, on retrouve la tristesse, la colère, le désespoir, la culpabilité et même le soulagement. Il est important de noter que ces émotions ne surviennent pas toujours de manière linéaire ou prévisible. Une personne peut passer de la colère à la tristesse, puis ressentir un soulagement, avant de replonger dans une nouvelle phase de tristesse.
Et ceci ne signifie pas que la personne est bipolaire. Ceci signifie que les circonstances de la perte, de la mort d’un proche par exemple peuvent impacter fortement sur ces variations émotionnelles. Parce que ces émotions sont la conséquence d’une réalité établie, il est important de reconnaître l’état de fragilité de cette personne.
La sidération peut également être la première émotion ressentie. Il peut arriver qu’une personne ne pleure pas le jour de l’enterrement d’un proche, parce que sous le choc de sa disparition. Le temps et un travail en profondeur sont les meilleurs alliés à une bonne santé mentale, à une mise en relation sereine entre les personnes.
Il peut bien sûr arriver que la personne elle-même ne comprenne pas ce qu’elle ressent. En cela, il est possible de consulter pour mettre au clair ces sentiments et ces émotions du moment. Réservez votre séance.
Aussi étonnant que ça puisse paraître, un soulagement est aussi envisagé lors de la mort d’un proche qui a énormément souffert à la fin de sa vie, un proche devenu très dépendant à la fois psychologiquement et physiquement. Il est donc légitime de ressentir cette émotion.
1.2. Les Réactions Physiques et Comportementales.
En plus des émotions, le deuil peut entraîner des symptômes physiques comme la fatigue, les troubles du sommeil, des douleurs physiques ou une perte d’appétit. Sur le plan comportemental, il n’est pas rare de voir une personne endeuillée se retirer socialement, éviter certains lieux ou objets qui lui rappellent la perte, ou au contraire chercher à commémorer la personne perdue.
L’apathie, la perte de l’envie et de la motivation sont également des symptômes physiques importants. Ne plus se lever de son lit le matin, ne plus avoir la force de se retirer du canapé, s’oublier dans une lourdeur émotionnelle intense.
Il est courant de percevoir des personnes naturellement attirée par la couleur noire, leur perception floutée ou amoindrie. Il est également courant de rencontrer des personnes englouties par des addictions telles que l’alcool, les médicaments, les drogues.
L’envie d’en finir, de fuir cette situation traumatisante est enfin possible. La pulsion de mort est si intense que le souhait de rejoindre la personne décédée peut se manifester.
Pour éviter tout passage à l’acte ou toute chronicité dans ces symptômes, je suis là pour vous aider. En général, un accompagnement double avec un psychiatre peut être utile.
II. Les Étapes du Deuil : Modèles Théoriques.
Plusieurs théories ont tenté de cartographier le processus de deuil afin d’aider à mieux comprendre cette expérience. Parmi les plus connues, on trouve les cinq étapes du deuil proposées par Elisabeth Kübler-Ross, et d’autres modèles développés par des psychologues et psychiatres.
2.1. Le Modèle des Cinq Étapes du Deuil de Kübler-Ross.
Ce modèle, introduit en 1969 par la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross, reste une référence pour beaucoup. Il propose que les personnes endeuillées traversent cinq étapes :
2.1.1. Le choc :
L’annonce ou la découverte d’un décès est toujours un choc. Chaque personne réagit comme elle le peut. Réaction initiale avec une intensité émotionnelle forte.
Si la personne découvre ou assiste à la mort d’un proche, il lui reste en tête les images perçues, dans le corps les émotions ressenties, quelques fois les odeurs, les sons associés à cet événement.
C’est un marqueur émotionnel très fort qu’il s’agit de prendre en charge rapidement et longuement afin de soulager la personne. Si vous êtes dans cette phase, vous pouvez réserver votre séance.
2.1.2. Le déni :
Refus initial de la réalité de la perte. La personne peut être sous le choc, ou incapable de comprendre pleinement ce qui s’est passé.
C’est la tentative de rejeter la réalité, accompagnée d’une baisse de l’émotion.
C’est un mécanisme de défense très fort. En fonction de ce que vit la personne endeuillée, elle peut décider de ne pas faire front à cet événement, de le laisser de côté, de ne pas s’en préoccuper et de vivre sa vie comme si de rien n’était. Beaucoup travaille à outrance pour ne laisser aucune place à ce départ.
Malheureusement, à long terme, cela peut réveiller des symptômes physiques qu’il s’agit de prendre à bras le corps. Et le déni peut être assez fort pour empêcher cette prise en charge.
Beaucoup s’épuise et ont recours aux médicaments, à une fuite en avant désespérée. Les rendez-vous médicaux peuvent être nombreuses et montrer l’état de détresse de la personne endeuillée. Ces rendez-vous s’imposent à elle comme un moment de repos, de réalisation de soi dans les émotions et les sentiments associés au deuil.
2.1.2. La colère :
Une fois que la réalité commence à s’imposer, la colère peut surgir, parfois dirigée contre soi-même, contre la personne décédée ou contre d’autres personnes ou institutions.
La douleur ressurgit, souvent avec une intensité accrue.
Ce contre-coup est presque inévitable. Il est même préférable de réveillée cette émotion pour la personne ait la sensation d’agir. L’action est préférable à la passivité. Souvent, c’est une colère contre soi, il est alors nécessaire d’y travailler pour aboutir à une réconciliation avec soi, et avec les autres.
Le sentiment d’injustice surgit comme une condition indéniable et révèle un sentiment d’impuissance notable. Le plus judicieux est de déverrouiller ce sentiment. Il survient particulièrement lors d’un accident de la route, à moto par exemple.
Beaucoup agissent dans une logique de rétablissement de la vérité, du sentiment de justice en recourant à l’institution judiciaire.
Voici l’exemple de ce jeune rugbyman disparu en mer le 7 août 2024 Mehdi Narjissi, ses parents et sa sœur témoignent de leur souffrance et de leur recours à la justice pour comprendre et tenter de trouver à contrôler cette situation innommable.:
2.1.3. Le marchandage :
La personne en deuil peut tenter de négocier, souvent de manière inconsciente, pour inverser ou retarder la perte. Cela peut se manifester par des pensées telles que : « Si seulement j’avais fait ça différemment… ».
Par marchandage, nous parlons du fait de revenir en arrière par la pensée, une tentative d’analyse de ce que nous aurions pu faire pour éviter l’inévitable. C’est une négociation avec la réalité qui finit souvent par des émotions négatives et un sentiment d’impuissance accru.
Nous avons beau penser à tout ce que nous aurions dû et pu faire, aucune réalité présente n’est assez malléable pour revenir dans une réalité passé pour corriger ou inverser les faits.
Cette étape est une étape d’autodestruction, de fluctuations émotionnelles en essayant de négocier ou de comprendre la perte.
2.1.4. La dépression :
Lors de cette étape, l’individu prend conscience de l’étendue de la perte et peut éprouver une profonde tristesse ou un sentiment d’impuissance.
C’est une étape de profonde tristesse où l’intensité émotionnelle atteint son sommet.
Dans la perte d’un amour, lors d’une rupture amoureuse subie, beaucoup peuvent s’écrouler dans cette dimension inexorable. Quand toutes les tentatives de maitrise de la réalité ont été manipulées, l’effondrement peut survenir.
Cette dépression peut s’exprimer de différentes manières, et survenir dans des moments de sensation d’échec. Une régression émotionnelle s’opère et ramène le sujet dans des émotions très fortes en association avec le présent.
Souvent l’arrêt d’une carrière sportive de haut-niveau peut plonger dans cette étape de façon chronique.
Si c’est votre cas, je suis là pour vous aider. Réservez votre séance.
L’exemple de Laura Flessel, escrimeuse et femme politique française est décrit dans ce lien :
2.1.5. L’acceptation :
Enfin, la personne commence à accepter la réalité de la perte, bien que cela ne signifie pas nécessairement un retour à la « normale ». C’est plus une réorganisation émotionnelle qui permet d’avancer.
L’exemple de Alexis Hanquinquant, triathlète français, amputé de la jambe droite est décrit dans ce lien :
Une recherche a souligné que dans le processus de deuil de l’amputation d’un membre supérieur, les patients victimes d’une amputation traumatique peuvent présenter un état de stress post-traumatique pouvant être considéré comme un état de deuil pathologique. Des facteurs de risque ont clairement été identifiés comme favorisant la survenue de cet état. Dans ce cas précis, il est possible de recourir à la technique de l’EMDR afin de surmonter cet ESPT.
Il est important de préciser que ces étapes ne sont pas toujours vécues de manière linéaire. Chaque individu peut passer par ces phases à des moments différents et dans un ordre distinct.
2.2. Le Modèle des Tâches du Deuil de William Worden.
Contrairement aux étapes de Kübler-Ross, William Worden propose un modèle basé sur quatre tâches que la personne endeuillée doit accomplir pour surmonter son deuil :
- Accepter la réalité de la perte : Cette tâche consiste à surmonter le déni et à reconnaître la perte comme un fait irréversible.
- Traverser la douleur du deuil : Cela implique de ressentir et d’exprimer les émotions liées à la perte, plutôt que de les refouler.
- S’adapter à un monde sans la personne disparue : Cela inclut la réorganisation des habitudes, la réévaluation de son rôle dans le monde, et l’apprentissage de nouvelles compétences si nécessaire.
- Réinvestir dans d’autres relations et activités : Ce dernier aspect concerne le retour à une vie normale, qui inclut la capacité de créer de nouvelles connexions émotionnelles, tout en maintenant le souvenir de la personne perdue.
2.3. Autres Modèles de Deuil.
D’autres théoriciens, comme John Bowlby, se sont concentrés sur le rôle de l’attachement dans le processus de deuil. Son travail a mis en évidence que les réactions au deuil dépendent de la qualité du lien affectif avec la personne disparue. Bowlby a suggéré que le processus de deuil est similaire à la réaction d’un enfant à la séparation avec une figure d’attachement, avec des phases telles que la protestation, le désespoir et la réorganisation.
III. Les Défis du Deuil : Quand le Processus Se Complique.
Le deuil est un processus normal, mais dans certains cas, il peut se compliquer et entraîner des problèmes psychologiques plus graves. Il est important de savoir reconnaître les signes d’un deuil compliqué ou pathologique afin de chercher une aide professionnelle. Réservez votre séance.
3.1. Le Deuil Compliqué.
Un deuil est considéré comme compliqué lorsqu’une personne reste bloquée dans une des phases du deuil ou lorsqu’elle présente des symptômes qui persistent et interfèrent gravement avec la vie quotidienne. Parmi les signes du deuil compliqué, on peut citer :
– Une incapacité à accepter la perte après plusieurs mois.
– Une intensité de la douleur émotionnelle qui ne diminue pas avec le temps.
– Un retrait social profond ou des comportements autodestructeurs.
– Des pensées obsessionnelles liées à la personne décédée ou à la perte.
Les personnes souffrant d’un deuil compliqué peuvent ressentir un besoin de conserver les objets appartenant à la personne disparue, éprouver un sentiment constant de vide ou éviter toute situation qui leur rappelle la perte.
3.2. Le Deuil Traumatique.
Le deuil traumatique se produit lorsque la perte est accompagnée de circonstances violentes, inattendues ou choquantes, comme lors d’un accident, d’un suicide ou d’un meurtre. Ce type de deuil est souvent plus difficile à surmonter, car en plus de la tristesse de la perte, la personne endeuillée doit aussi faire face aux souvenirs traumatisants des circonstances de la mort.
3.2.1.L’Importance de l’Accompagnement Psychologique.
Surmonter le deuil est un processus individuel, mais cela ne signifie pas que l’on doit le faire seul. Les docteurs en psychologie et autres professionnels de la santé mentale jouent un rôle clé en aidant les personnes endeuillées à naviguer à travers ce processus.
3.2.2. Le Soutien Psychologique.
La thérapie est souvent essentielle pour les personnes traversant un deuil compliqué. Les docteurs en psychologie utilisent différentes approches thérapeutiques pour aider leurs patients à exprimer leurs émotions, à restructurer leurs pensées et à retrouver un sentiment de normalité. L’une des méthodes les plus utilisées est l’hypnothérapie, qui vise à identifier et à changer les schémas de pensée négatifs qui peuvent prolonger la souffrance.
3.2.3. Les Groupes de Soutien.
Outre la thérapie individuelle, les groupes de soutien peuvent être extrêmement bénéfiques. Ces groupes offrent un espace sûr où les individus peuvent partager leurs expériences avec d’autres qui traversent des situations similaires. Cela permet de briser l’isolement souvent ressenti pendant le deuil et de valider les émotions et les réactions.
3.2.4.Les Rituels de Deuil.
Les rituels, qu’ils soient religieux ou personnels, peuvent également jouer un rôle thérapeutique dans le processus de deuil. Ils offrent une structure et un cadre pour exprimer et partager la douleur, tout en honorant la mémoire de la personne disparue. Les cérémonies funéraires, les commémorations ou même des gestes symboliques comme planter un arbre ou créer un mémorial en ligne peuvent aider à apaiser l’esprit des endeuillés.
IV. Comment Traverser le Deuil : Conseils Pratiques.
Si le deuil est inévitable, il est possible de le traverser de manière plus sereine en suivant quelques conseils pratiques.
4.1. Accepter ses Émotions.
Le deuil est souvent un processus émotionnel intense et il est essentiel de reconnaître et d’accepter ces émotions. Il n’y a pas de manière correcte ou incorrecte de ressentir la perte, et il est normal de passer par une gamme d’émotions, parfois contradictoires. Se permettre de pleurer, de ressentir la colère ou même la confusion est une étape clé pour avancer.
4.2. Éviter l’Isolement.
Bien qu’il puisse être tentant de s’isoler pendant les moments de douleur intense, il est important de maintenir des connexions sociales. Parler à un ami de confiance, à un membre de la famille ou à un thérapeute peut aider à alléger le fardeau émotionnel et à mieux gérer les souvenirs douloureux.
4.3. Prendre Soin de Son Corps et de Son Esprit.
Le deuil peut affecter la santé physique autant que la santé mentale. Maintenir une routine quotidienne, faire de l’exercice, bien manger et dormir suffisamment sont autant de moyens de prendre soin de soi pendant cette période difficile.
4.4. Éviter les Attentes Irréalistes.
Chaque personne traverse le deuil à son propre rythme, et il est crucial de ne pas se fixer d’attentes irréalistes quant à la rapidité avec laquelle on devrait « tourner la page ». Le temps est un facteur important dans le processus de guérison.
Conclusion.
Le deuil est un processus profondément personnel, marqué par une douleur intense et des moments de désespoir, mais il est également un passage nécessaire pour accepter la réalité d’une perte et retrouver une forme de paix intérieure. Bien que les théories psychologiques offrent des cadres pour comprendre ce phénomène, il est essentiel de se rappeler que chaque individu vivra cette expérience de manière unique.
L’accompagnement par un professionnel de la psychologie peut être d’une aide précieuse pour les personnes en difficulté, leur offrant des outils pour traverser ce chemin difficile. Que ce soit par le soutien émotionnel, la thérapie ou l’écoute active, les docteurs en psychologie jouent un rôle clé dans la réhabilitation émotionnelle des personnes endeuillées.
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