Article 42.2.
Cet article fait suite au premier article intitulé: Le brain-rot, l’impact des réseaux sociaux sur nos capacités mentales. et répond aux questions d’une journaliste, sur les contenus plus nocifs que d’autres, sur l’impact des contenus courts, et les conseils pour se détacher des écrans.
1.Y-a-t-il, selon vous, un contenu plus « nocif » que d’autre favorisant le brain-rot ?
Absolument, certains types de contenus présents sur les réseaux sociaux peuvent être plus nocifs que d’autres pour notre bien-être mental et émotionnel. Il est important d’en être conscient pour pouvoir les identifier et s’en protéger.
Voici quelques exemples de contenus particulièrement problématiques :
- Contenus incitant à la comparaison sociale : Les photos et vidéos mettant en scène des personnes présentant une image idéalisée de leur vie (apparence physique, réussite professionnelle, bonheur, etc.) peuvent entraîner un sentiment d’insatisfaction, d’envie, voire de complexe d’infériorité. La comparaison constante avec les autres peut nuire à l’estime de soi et favoriser l’anxiété et la dépression.
- Contenus promouvant des idéaux irréalistes : Les images retouchées, les filtres excessifs et les mises en scène artificielles peuvent créer des attentes irréalistes en matière de beauté, de corps ou de style de vie. Cela peut entraîner une pression pour se conformer à ces standards inatteignables, ce qui peut être source de frustration, de déception et de complexes.
- Contenus haineux et discriminatoires : Les messages, commentaires ou images véhiculant la haine, la discrimination ou le harcèlement peuvent avoir un impact émotionnel très fort sur les personnes visées, mais aussi sur ceux qui en sont témoins. Ces contenus peuvent générer de la peur, de la colère, de la tristesse, un sentiment d’insécurité et peuvent même conduire à des troubles psychologiques.
- Contenus violents ou choquants : Les images ou vidéos montrant des scènes de violence, de souffrance ou de nature choquante peuvent être traumatisantes, en particulier pour les personnes les plus sensibles. Ces contenus peuvent provoquer des cauchemars, des crises d’angoisse, un sentiment de vulnérabilité et peuvent même conduire à un état de stress post-traumatique.
- Contenus propageant de fausses informations : Les « fake news », les théories du complot et la désinformation peuvent avoir des conséquences graves sur la perception de la réalité, les opinions politiques et les comportements. Ces contenus peuvent manipuler, diviser, créer de la confusion et nuire au débat public.
Il est important de noter que la nocivité d’un contenu peut varier en fonction de la sensibilité individuelle de chaque personne. Ce qui peut sembler anodin pour certains peut être très perturbant pour d’autres.
Les contenus les plus nocifs sont ceux montrant de la violence, de la pornographie, banalisant fortement cette réalité.
Les capacités émotionnelles sont mises à dure épreuve.
Le fameux adage qui dit : « ça n’arrive pas qu’aux autres » peut également naître de cette banalisation… à travers les multiples drames personnels narrés par les témoins ou les victimes de catastrophes de la vie quotidienne. Ceci crée de l’anxiété, de la peur, de l’angoisse.
Ces images brouillent ainsi nos capacités de percevoir le bien ou le bon, de remarquer les aspects les plus positifs de nos vies.
Les contenus pornographiques empoisonnent les cerveaux d’un modèle de relation à l’autre délétère, masquant ou affectant par là nos capacités de ressentir de l’amour pour soi, pour l’autre.
2.Est-ce lié au contenu plus court ? (Est-ce la durée qui crée le brain-rot, de l’abrutissement, ou le contenu ?)
La question de savoir si c’est la durée ou le contenu qui est le plus « nocif » sur les réseaux sociaux est complexe et les deux facteurs sont interdépendants.
- La durée d’exposition
Plus vous passez de temps sur les réseaux sociaux, plus vous êtes exposé à des contenus potentiellement problématiques, ce qui augmente les risques d’impacts négatifs sur votre cerveau. Une exposition prolongée peut entraîner une surstimulation du circuit de la récompense, favorisant ainsi l’addiction et ses conséquences néfastes.
De plus, le temps passé sur les réseaux sociaux est du temps en moins consacré à d’autres activités essentielles au bien-être, telles que le sommeil, l’activité physique ou les interactions sociales réelles.
- Le type de contenu
Comme nous l’avons vu précédemment, certains types de contenus sont plus susceptibles d’avoir un impact négatif sur notre cerveau. Les contenus incitant à la comparaison sociale, promouvant des idéaux irréalistes, véhiculant la haine ou la discrimination, ou propageant de fausses informations peuvent affecter notre santé mentale et émotionnelle, notre estime de soi et notre perception de la réalité.
- L’interaction entre la durée et le contenu
Il est important de souligner que la durée d’exposition et le type de contenu interagissent. Une exposition courte à un contenu très perturbant peut avoir un impact important, tandis qu’une exposition prolongée à des contenus moins « nocifs » peut également avoir des effets négatifs à long terme.
Pour résumer, il est crucial de prendre en compte à la fois la durée d’exposition et le type de contenu consommé sur les réseaux sociaux. Pour protéger votre cerveau et votre bien-être, il est recommandé de limiter votre temps d’écran, de sélectionner soigneusement les contenus auxquels vous vous exposez et d’être attentif à votre ressenti après avoir utilisé ces plateformes.
Je suis disponible si vous avez besoin d’en parler : réservez votre séance.
- Les contenus courts sur les réseaux sociaux, tels que les stories, les réels, les shorts et les tweets, ont un impact significatif sur notre façon de consommer l’information et de communiquer. Ils présentent à la fois des avantages et des inconvénients qu’il est important de comprendre.
Avantages potentiels :
- Accessibilité et rapidité : Les contenus courts sont faciles et rapides à consommer, ce qui les rend adaptés à notre rythme de vie moderne. Ils nous permettent de nous informer ou de nous divertir en quelques secondes, où que nous soyons.
- Diversité et créativité : Les formats courts encouragent la créativité et l’expérimentation, offrant une grande variété de contenus : actualités, divertissement, tutoriels, opinions, etc.
- Engagement et interactivité : Les contenus courts sont souvent conçus pour susciter l’engagement et l’interaction, à travers des likes, des commentaires, des partages, des sondages, etc.
- Viralité : Les contenus courts ont un potentiel de viralité élevé, ce qui peut permettre à un message ou à une idée de se diffuser rapidement et largement.
Inconvénients potentiels :
- Manque de profondeur : Les contenus courts peuvent parfois manquer de profondeur et de contexte, ce qui peut nuire à la compréhension de sujets complexes ou nuancés.
- Information fragmentée : La consommation de contenus courts peut entraîner une fragmentation de l’information, rendant difficile la construction d’une vision globale et cohérente.
- Distraction et perte de concentration : La multiplication des contenus courts peut favoriser la distraction et nuire à la concentration sur des tâches plus longues et complexes.
- Impression de superficialité : Certains contenus courts peuvent donner une impression de superficialité et de manque de substance, privilégiant le divertissement ou le sensationnalisme au détriment de l’information de qualité.
- Effets sur l’attention : Des études suggèrent qu’une consommation excessive de contenus courts pourrait avoir des effets négatifs sur l’attention et la capacité à se concentrer sur des tâches de longue durée.
Il est important de noter que l’impact des contenus courts varie en fonction de plusieurs facteurs, tels que :
- Le type de contenu : Certains contenus courts peuvent être très informatifs et éducatifs, tandis que d’autres peuvent être principalement axés sur le divertissement ou la promotion.
- La qualité du contenu : La qualité du contenu peut varier considérablement, certains contenus étant plus fiables et pertinents que d’autres.
- L’utilisation individuelle : L’impact des contenus courts dépend également de la manière dont chaque personne les utilise et de la place qu’ils occupent dans sa vie.
Pour synthétiser, les contenus courts sur les réseaux sociaux peuvent être une source d’information et de divertissement accessible et rapide. Cependant, il est important d’être conscient de leurs inconvénients potentiels et de les consommer de manière responsable et équilibrée, en privilégiant la qualité et la diversité des sources d’information.
Enfin, les vidéos courtes sont plébiscitées par les réseaux sociaux depuis quelques années. Les réseaux sociaux ont tendance à récompenser ce genre de format par plus de vues, plus d’abonnés ou de likes… et ces vidéos se répètent tant que vous y restez et tout ce flux va si vite qu’il est impossible de réfléchir de façon approfondie, de penser à ce qui est bien ou pas pour soi, pour son bien-être…
Tant que c’est « distrayant », les personnes peuvent penser que c’est un juste moment de détente… Ce qui n’est pas le cas en vérité… C’est une forme d’aliénation, d’abrutissement avéré. Je reviens sur le mode automatique et marquant, similaire aux flux de publicités, qui en quelques années a inondé tous nos écrans… poussant à l’achat, à la création de besoins… à l’évanouissement des désirs intrinsèques, à l’avilissement de nos facultés de réflexion…
Les contenus courts sont employés par les publicitaires pour marquer les esprits par des slogans, une certaine esthétique, une sorte de philosophie de vie à suivre, un message incarné par une personnalité… qui dit : « vous serez fun ou beau ou vous ressemblerez à un acteur de cinéma si vous achetez ou si vous adhérez à… » poussant ainsi les individus à se perdre, ne sachant plus ce qu’ils désirent en réalité… dans ce flot de la comparaison sociale… qui pousse soit à être vain ou vaniteux…
Les vidéos courtes sont des catalyseurs, des déclencheurs de réactions par leurs simples existences.
Dans mon roman-essai intitulé Organique, j’y commente la vidéo d’une héroïne Norah, atteinte deux fois d’un cancer… Cette vidéo est révélatrice à la fois de ses mots, de ses maux et de son attitude face caméra en lien direct avec ses émotions. Et ce sont ces dernières qui sont visées par les réseaux sociaux.
https://joelineandriana-auteur.com/produit/numerique-organique/
Sur mon site auteur : https://joelineandriana-auteur.com, j’ai mis en avant un article sur la théorie de l’inoculation pour mieux comprendre les différents modèles par lesquels nous pouvons passer pour résister à la persuasion. Parce que c’est cette notion que les réseaux sociaux et les publicités visent en élaborant des vidéos courtes et impactantes.
Ces vidéos semblent être le diktat de la normalisation, de la conformisation des attitudes, des comportements, des manières de penser, en lien direct avec une émotion… une sorte de normalisation de ce qui pourrait nous paraître abstrait ou absurde…
Ce sont des formes de désensibilisation et/ou d’hypersensibilisation de la population. Ce qui touche à deux polarités donc à des pensées et des sensibilités extrêmes, manichéennes, avec absence de dosage et de subtilité de la réflexion, de l’argumentation. C’est une forme très explicite d’abrutissement.
3.Quels sont les conseils pour réussir à se détacher des écrans, ou avoir une relation plus saine avec les réseaux ?
Voici quelques conseils pour utiliser les réseaux sociaux de manière plus saine :
- Limitez votre temps d’écran : Fixez-vous des limites de temps et respectez-les. Utilisez des applications de suivi du temps d’écran pour vous aider à prendre conscience de votre utilisation.
- Faites des pauses régulières : Détachez-vous des écrans toutes les heures pour faire une activité physique, vous détendre ou passer du temps avec vos proches.
- Sélectionnez le contenu que vous consommez : Privilégiez les contenus positifs, éducatifs et inspirants. Évitez les comptes qui vous font vous sentir mal ou qui vous incitent à la comparaison.
- Soyez attentif à votre bien-être mental : Si vous ressentez de l’anxiété, de la tristesse ou un sentiment d’isolement après avoir utilisé les réseaux sociaux, prenez du recul et parlez-en à quelqu’un de confiance. Vous pouvez également faire appel à moi en réservant une séance.
Pour résumer, les réseaux sociaux peuvent avoir un impact significatif sur nos capacités mentales, tant positif que négatif. Il est essentiel d’être conscient de ces effets et d’adopter une utilisation responsable et équilibrée.
Voici quelques conseils pour se protéger de ces contenus nocifs :
- Sélectionner soigneusement les comptes et les pages que vous suivez : Privilégiez les contenus positifs, inspirants et bienveillants. N’hésitez pas à vous désabonner des comptes qui vous font vous sentir mal ou qui vous incitent à la comparaison sociale.
- Être critique face aux images et aux informations : Ne croyez pas tout ce que vous voyez et lisez sur les réseaux sociaux. Méfiez-vous des images retouchées, des informations non vérifiées et des titres sensationnalistes.
- Signaler les contenus inappropriés : La plupart des plateformes de réseaux sociaux permettent de signaler les contenus haineux, discriminatoires, violents ou relevant de la désinformation. N’hésitez pas à utiliser cette fonctionnalité pour contribuer à un environnement en ligne plus sain.
- Prendre du recul : Si vous vous sentez submergé par des contenus négatifs, faites une pause. Limitez votre temps d’écran, passez du temps dans la nature, faites des activités qui vous plaisent et entourez-vous de personnes positives.
En étant conscient des risques et en adoptant des stratégies de protection, il est possible de profiter des avantages des réseaux sociaux tout en préservant son bien-être mental et émotionnel.
Il est tout à fait possible de se détacher des écrans et d’avoir une relation plus saine avec les réseaux sociaux. Voici quelques conseils pratiques et efficaces pour y parvenir :
Prenez conscience de votre utilisation.
- Suivez votre temps d’écran : Utilisez les outils intégrés à votre téléphone ou des applications dédiées pour mesurer le temps que vous passez chaque jour sur les réseaux sociaux. Cela vous permettra de prendre conscience de votre consommation et de l’identifier comme problématique si besoin.
- Identifiez vos déclencheurs : Observez les moments et les situations qui vous poussent à consulter compulsivement votre téléphone. Est-ce par ennui, stress, habitude ? Une fois identifiés, vous pourrez anticiper ces moments et mettre en place des stratégies alternatives.
Fixez-vous des limites.
- Définissez des plages horaires : Accordez-vous des moments précis dans la journée pour consulter vos réseaux sociaux, et respectez-les. Vous pouvez par exemple limiter votre temps d’écran le matin et le soir, ou vous interdire l’accès aux réseaux sociaux pendant les repas ou avant de dormir.
- Utilisez des minuteurs ou des applications de blocage : Ces outils peuvent vous aider à visualiser le temps que vous passez sur les applications et à vous alerter lorsque vous avez atteint votre limite. Certaines applications vont même jusqu’à bloquer l’accès aux réseaux sociaux pendant une période définie.
Modifiez vos habitudes.
- Désactivez les notifications : Les notifications constantes sont une source de distraction et d’incitation à la consultation. Désactivez celles qui ne sont pas essentielles pour réduire les interruptions et reprendre le contrôle de votre attention.
- Faites le tri dans vos abonnements : Désabonnez-vous des comptes qui vous déplaisent, qui vous ennuient ou qui vous incitent à la comparaison sociale. Privilégiez les contenus positifs, inspirants et qui vous apportent réellement quelque chose.
- Eloignez votre téléphone : Lorsque vous n’avez pas besoin de votre téléphone, rangez-le dans un endroit hors de votre vue. Vous serez moins tenté de le consulter compulsivement.
- Créez des zones « sans écran » : Définissez des espaces dans votre maison où les écrans sont interdits, comme la chambre à coucher ou la table à manger. Cela vous encouragera à vous recentrer sur d’autres activités.
Occupez votre temps autrement.
- Développez de nouveaux centres d’intérêt : Trouvez des activités qui vous passionnent et qui vous éloignent des écrans : sport, lecture, musique, cuisine, loisirs créatifs, etc.
- Passez du temps avec vos proches : Privilégiez les interactions sociales réelles avec votre famille et vos amis. Organisez des sorties, des activités communes, des moments de partage.
- Reconnectez-vous avec la nature : Passez du temps à l’extérieur, faites des promenades en forêt, à la montagne, au parc. La nature est un excellent moyen de se détendre et de se ressourcer, loin des écrans.
Soyez patient et indulgent envers vous-même.
- Le changement prend du temps : Ne vous découragez pas si vous avez du mal à vous détacher des écrans au début. Soyez patient et persévérant, et célébrez chaque petite victoire.
- Accordez-vous le droit à l’erreur : Il est normal de craquer de temps en temps. L’essentiel est de ne pas culpabiliser et de reprendre de bonnes habitudes dès que possible.
Si vous sentez que votre utilisation des écrans est devenue problématique et qu’elle a un impact négatif sur votre bien-être, n’hésitez pas à prendre un rendez-vous. Je pourrai vous accompagner et vous aider à mettre en place des stratégies adaptées à votre situation. Réservez votre séance.
En suivant ces conseils et en faisant preuve de patience et de persévérance, vous pourrez progressivement vous détacher des écrans et retrouver une relation plus saine et équilibrée avec les réseaux sociaux.
Au final, et pour simplifier les choses, voici mes trois conseils principaux :
-Privilégier la vie réelle, en lisant des livres, dans le silence, en partageant des bons moments avec des proches, amis ou connaissances, avec des personnes qu’on aime… planifiant ainsi des événements positifs.
-Prendre le temps de s’ennuyer, assez pour savoir se centrer sur soi et savoir ce qui est bon pour soi, en apprenant à se connaître.
-Consulter un professionnel de la santé mentale peut vous permettre d’approfondir la connaissance de soi, à travers vos propres émotions, et savoir comment vous situer dans le domaine de la comparaison sociale. (là aussi vous trouverez un article sur mon site web : https://joelineandriana.com)
-Comprendre et accepter les risques d’une exposition prolongée et régulière aux réseaux sociaux.
Vous trouverez la première partie de cet article via ce lien : Article 42.1.
Vous trouverez l’article journalistique via ce lien : https://www.stylist.fr/brain-rot-est-ce-vrai-qu-internet-pourrit-nos-cerveaux,322939.asp
Joéline ANDRIANA, docteur en psychologie, auteur et conférencier.
https://joelineandriana-auteur.com
@copyright : J’autorise la citation de mes textes sous réserve que la source soit citée et mise en lien.